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28 décembre 2008

De l'art d'entretenir la guerre

Dans 1984, de Georges Orwell, le monde est divisé en trois grands blocs : L'Eurasia, l'Eustasia et l'Océania. Winston est un habitant de l'Océania. C'est un fonctionnaire qui travaille pour le gouvernement et qui est chargé, chaque jour, de réécrire l'histoire, afin qu'elle soit sans cesse conforme avec la propagande de l'état. Le monde de Winston est un monde perpétuellement en guerre. L'enjeu des conflits n'est pas important, de même que l'identité des ennemis, puisque, du jour au lendemain, l'allié d'hier devient le belligérant du jour. Ce qui compte, c'est le fait même d'être en guerre. Ainsi, le slogan de Big Brother (symbole de l'état dictatorial tout puissant) prend tout son sens : La guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force. Afin d'asseoir son pouvoir, l'état compte sur l'ignorance des individus, sur leur servitude. Et pour mieux justifier le manque d'éducation, le manque de répartition des richesses, mais aussi les défaillances des systèmes de santé, de protection des travailleurs... il suffit d'avoir, à disposition une bonne guerre.

En effet, comment se rebeller, alors que notre pays est en guerre ? Comment peut-on se plaindre, alors même que nous ne sommes pas sur le front ? Et comment peut-on rester assis à réfléchir à notre humaine condition alors que des soldats meurent pour assurer notre existence ? La guerre (perpétuelle) c'est la paix (du gouvernement).

Le conflit Israëlo-Palestinien s'envenime à nouveau, et plus les jours passent, plus les haines s'enracinent, plus on se demande comment nous allons nous en sortir. Parce que, que nous le voulions ou non, des dirigeants se sont, dans le passé, engagés en notre nom, et nous voilà, aujourd'hui, à devoir gérer ce conflit absurde (pléonasme ?).

Nous nous sommes pourtant tous habitués à vivre avec ce fardeau. Des images d'une violence inouïe nous parviennent presque chaque jour. Et les images sont tellement insupportables, qu'on les a, malgré nous, banalisées, avec l'aide de nos amis des médias, qui nous coincent ces informations entre des résultats sportifs et des faits divers ineptes. Un raid aérien sur un village palestinien ou un attentat anti-israëlien sont devenus aussi naturels que le lever du soleil chaque matin.

Et une fois de plus, on nous simplifie les points de vue, on entretient les caricatures, parce que c'est tellement plus simple de ne voir, dans une population, qu'un seul et même visage. Ainsi, premièrement, il faut bien comprendre que TOUS les Israëliens sans exception détestent les Palestiniens et rêvent de les éradiquer. Inversement, et c'est le deuxième point essentiel, il faut bien s'enraciner dans le crâne que TOUS les Palestiniens sont des terroristes en puissance (la preuve : ils se sont TOUS réjouis, sans aucune exception, du bébé au vieillard décrépi, des attentats du 11 septembre 2001 !). Une fois ces deux données intégrées, vous pouvez aisément choisir votre camp : soit vous optez pour les Israëliens, qui réclament une terre qui leur appartient de manière antédiluvienne, et que les vilains Palestiniens veulent garder comme des gros pingres ; soit vous préférez soutenir les Palestiniens, peuple oppressé, qui n'ont aucun autre choix que de mitrailler, de balancer des roquettes et de poser des bombes, mais qui sont excusables parce que les méchants Israëliens se comportent à leur égard comme des colonisateurs...

On a toujours l'impression de ne rien comprendre à ce conflit. Mais qu'y a-t-il à comprendre ? Des Princes orgueilleux qui gouvernent, au nom de principe de respect, refusent de capituler. Leur seule justification est que ce n'est pas eux qui ont commencé... Doit-on continuer à tolérer des gouvernants, quels qu'ils soient, qui réagissent de manière puérile et instinctive ?

La résolution de ce conflit, et de beaucoup d'autres, n'est pas forcément entre les mains des princes, bien à l'abri dans leur palais. Soyons clairs : la guerre arrange pas mal de gouvernements et de puissants (la vente des armes est fleurissante, le marché de la reconstruction est un marché porteur, la révolution des peuples est peu envisageable...).

Imaginons des mouvements pacifistes. Imaginons simplement que, du côté des Israëliens, comme des Palestiniens, il existe des gens, profondément attachés à la paix, qui veulent en finir avec ces rancunes. Imaginons que nos journalistes, nos médias, leur donnent vraiment la parole. Imaginons de grands sit-in à Jérusalem, des grèves gigantesques pour s'opposer à ces politiques gouvernementales... Que se passerait-il alors ? Cela ne changerait-il pas notre regard ? Cela ne nous donnerait-il pas de l'espoir ? Cela ne nuancerait-il pas nos jugements ? Quel gouvernement démocratique oserait envoyer la police sur des pacifistes ? Quel impact, en terme d'image, cela aurait sur le monde, si un gouvernement le faisait ?

Amis démocrates, en tout cas, dépéchons-nous de réfléchir à des solutions alternatives. Parce que, en janvier, c'est les soldes, et il est hors de question de se laisser emmerder par des guerres à la con, pendant le grand mois de la fête de la consommation...

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