Tirons joyeusement sur les ambulances quand on en a l'occasion...
Discussion autour d'une bière récemment avec un copain réalisateur sur la possibilité d'assassiner un film en quelques lignes de critique acerbe lorsqu'on sait la somme de travail que représente un long métrage. Et moi de lui expliquer mon incapacité de descendre en flamme un film, à partir du moment où son réalisateur a été sincère, et n'a pas été un simple exécutant, un pauvre "yes-man" ou encore un type avide d'argent et prêt à tout pour en obtenir plus (Luc Besson, si jamais tu lis ce post, je te salue bien bas...).
Heureusement, pour mon plus grand plaisir, Hollywood est là pour me fournir moult navets sur lesquels il est si bon de s'acharner. Les studios étasuniens nous abreuvent donc en majorité de trois types de films : le gros film d'action dopé à la testostérone, le remake inutile et la suite inepte... Intéressons-nous aujourd'hui à un film qui appartient à la troisième catégorie : la suite ridicule, à savoir Basic Instinct 2.
Petit rappel à l'attention de nos amis amnésiques. En 1992, Paul Verhoeven réalisait le premier Basic Instinct. Ce thriller érotique mettait en scène un policier (joué par un Michaël Douglas passablement boursouflé) qui enquêtait sur une femme perverse, soupçonnée de meurtre au pic à glace. Le film, tout de même sulfureux pour l'époque, alignait des scènes d'action, de suspense mais aussi des scènes érotiques pas désagréables, qui etaient dans la lignée des Liaisons Fatales, et autres 9 semaines et demie... Le succès du film nous offrit ensuite quelques pépites telles que Body (avec une Madonna bien ridicule qui aimait verser de la cire de bougie chaude sur son amant tout content) ou encore Sliver (avec... Sharon Stone... Une coïncidence sans doute !) sortis tout deux en 1993, histoire de surfer sur la vague encore tiédasse...
L'opus 2 de Basic Instinct se situe donc quelques années plus tard. On ne précise pas combien, mais on peut raisonnablement dire 14 ans. Et là, stupeur, force est de constater que, contrairement au commun des mortels, Sharon n'a pas vieilli ! Oui, je sais, c'est incroyable ! Aurait-elle signé un quelconque pacte avec une entité démoniaque ? A moins que le Dieu Botox soit passé par là... Comparaison...
ça c'est en 1992...
Et ça, c'est en 2006... Étonnant, non ?
Tout commence dans une voiture qui va très vite. Sharon est au volant. Elle rit. A côté d'elle, un beau noir rasé du crâne et musclé en muscle. Elle commence à se masturber avec la main du bellâtre tout en conduisant très vite. Bien sûr, à un moment, elle loupe un virage, et déboule dans la Tamise. Ni une ni deux, elle laisse le noir se noyer (mais ça n'a pas l'air de trop l'embêter, le gars... Il est juste un peu étonné, mais sans plus) et rejoint la surface. Elle est donc accusée de meurtre. Et pour l'évaluer, on va faire appel, au tribunal, à un expert psychiatre au charisme d'endive bouillie (joué par un David Morrissey tout mou, bien conscient du navet dans lequel il cachetonne joyeusement). Bien sûr, nous spectateur, on a bien compris qu'il va finir par coucher avec la belle Sharon, mais lui met une heure à s'en rendre compte... Et bien sûr, notre psy de service se retrouve mêlé à tout un tas de meurtres... Mais qui a fait le coup ? La belle Sharon, le flic véreux qui enquête ? A moins (on n'ose y penser) que ce soit le psychiatre ! (je vous sens frémir, là...) Quel suspense mes amis !
Tourné un peu n'importe comment, ce film laid et inintéressant a pourtant tout le charme du navet. Si l'on accepte de le regarder au deuxième degré (voire au troisième ou au quatrième), on peut même rire ouvertement devant cette chose. Car, outre le jeu de David Morrissey (et son érotisme suintant de vieux radis), on notera la grande performance de Sharon Stone qui, entre deux clopes qu'elle allume, (hou la la, c'est une rebelle ! Elle fume dans les lieux où c'est interdit !!!) a deux mimiques (un air de vierge enfant tout naïf, et un plissage des yeux, juste après, censé être troublant et pénétrant, et qui n'est pas sans rappeler celui d'un élève qui ne comprend pas un exercice de math de cinquième) et qui énonce la plupart de ses dialogues en donnant l'impression qu'elle va bientôt atteindre l'orgasme.
Et comme le réalisateur n'a pas l'ombre d'une idée, il passe son temps à faire de gros clins d'oeil bien appuyés au spectateur, pour lui montrer que lui aussi a vu le premier Basic Instinct...
Ici, Sharon se fait une boisson idiote et utilise, le temps d'un plan, un pic à glace, inutile par ailleurs dans tout le reste du film...
Là, Sharon montre qu'elle n'a pas de petite culotte (bon, là, bien sûr, on voit mal, puisque cette fois, il y a une chaise devant... C'est bête... Elle n'a tout de même mis que 14 ans à comprendre... Félicitons-la !) et prouve qu'elle a vu Flashdance d'Adryan Lyne, dans les années 80.
Quand aux scènes érotiques (limitées à trois, si on inclut la scène de masturbation dans la lignée de Crash de David Cronenberg), elles sont tout simplement grotesques (ah, il FAUT voir la scène où l'endive cuite fait l'amour à Sharon, qui l'étrangle à moitié avec une ceinture de pantalon, afin que la jouissance du légume soit décuplée)...
Et j'apprends à l'instant que la belle Sharon (sur laquelle le Temps n'a aucune prise, je le rappelle) va réaliser Basic Instinct 3... C'est du lourd, ça... Malheureusement, elle ne va pas jouer dedans... Je vous sens déçus, là...