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16 juillet 2008

Les innocents, de Jack Clayton

les_innocentsTzvetan Todorov explique, dans son Introduction à la littérature fantastique (Point littérature n°76), qu'il existe peu d'oeuvres complètement fantastiques. Pour lui, le fantastique est avant tout l'expression du doute qui doit persister du début à la fin d'une oeuvre. Ainsi, très souvent, des oeuvres basculent soit dans ce qu'il appelle le "fantastique-étrange" ("Des événements qui paraissent surnaturels tout au long de l'histoire, y reçoivent à la fin une explication rationnelle" p.49. L'oeuvre d'Agatha Christie Les dix petits nègres entre par exemple dans cette catégorie) soit, toujours d'après lui, dans le "fantastique-merveilleux" ("(...)autrement dit dans la classe des récits qui se présentent comme fantastiques et qui se terminent par une acceptation du surnaturel" p.57. Ainsi, Simetierre de Stephen King, par exemple, entre dans cette catégorie, puisqu'on admet parfaitement la possibilité de la vie après la mort).

Un des livres qui, toujours pour Todorov, est complètement fantastique est Le tour d'écrou, de Henry James. Ce livre raconte l'histoire d'une gouvernante qui doit se charger de l'éducation de deux enfants. Mais, très vite, Celle-ci a l'impression que les enfants cachent quelque chose. Avant elle, il y avait déjà eu une gouvernante. Celle-ci était la maîtresse d'un domestique et s'était suicidée après la mort accidentelle de ce dernier. Ces deux êtres avaient beaucoup d'influence sur les enfants. Et la nouvelle gouvernante a l'impression que les fantômes de ces deux êtres viennent encore hanter les enfants... A-t-elle raison ? Est-elle folle ? Rien ne vient nous éclairer.

En 1961, Jack Clayton adapta ce livre. Disons-le clairement : son adaptation est une grande réussite. D'abord par le choix des acteurs. La gouvernante (Deborah Kerr), est juste et touchante. Fille unique d'un pasteur, sans enfants, elle s'attache à Miles (Martin Stephens) et Flora (Pamela Franklin), qui sont à la fois attachants et pervers. Leurs sourires savent être beaux ou froids.les_innocents_2

On peut aussi louer la lumière superbe de ce film en noir et blanc qui sait, suivant les plans, susciter l'admiration (les décors sont de toute beauté) ou l'angoisse.

Car le point fort du film, c'est bien cette terrible impression d'oppression qui nous envahit petit à petit. Tout comme Robert Wise le fera deux ans plus tard, avec sa géniale Maison du diable (The haunting, dont il faut éviter le remake insupportable de Jan de Bont, sorti en 1999), Jack Clayton suggère plutôt qu'il ne montre. Et le fantastique surgit non seulement la nuit (des ombres passent dans le manoir, des fenêtres s'ouvrent, l'orage gronde...) mais aussi en plein jour : même une simple sortie près d'un lac devient une véritable source de terreur.

Et on retiendra cette terrible scène où le fantôme du domestique (Peter Wyndgarde) apparaît dans le cadre d'une baie vitrée. Une vraie leçon de cinéma ! On est très loin du fantastique d'opérette avec sa cohorte d'adolescents décérébrés et son monstre imbécile.

Bon, maintenant, si vous préférez, on a un remake tout pourri du Bal de l'horreur (Prom Night, 1980), déjà pas terrible, qui sort sur nos écrans français cet été. C'est n°1 au box-office étasunien nous dit l'affiche... Ah oui, là, évidemment, c'est un argument de poids...

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