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23 septembre 2007

De l'art de gérer une entreprise

Lorsqu'on possède deux notions de philosophie, on sait que la raison est l'ennemi juré de la passion. Sous l'emprise de la passion, on est prêt à tout pour se mettre en danger. Qu'importe d'ailleurs, puisque l'ivresse nous enivre. Et même si le réveil est brutal, l'envie n'en est que plus grande. Si la passion est foudroyante et immédiate, la raison, au contraire, se construit, pèse, soupèse, croise les regards et évalue. La passion est rapide, immédiate. La Raison demande du temps, beaucoup de temps.

Grandir, devenir adulte, c'est accepter que la raison puisse, la majeure partie du temps, prendre le pas sur la passion, en vertu de quoi l'homme reste un être civilisé qui peut cohabiter avec autrui. Si trop de raison peut nuire à un individu (il nous faut aussi accéder à une part de rêve), trop de passion conduit toujours à la catastrophe. La démocratie est la fille de la raison. Contrairement à la dictature et au despotisme, la véritable démocratie repose sur le doute et la remise en question de son propre fonctionnement. Le dictateur en herbe ne se remet jamais en question. Il sait ce qui est bon pour lui (et donc pour le peuple) et veut tout, tout de suite.

Nos amis publicitaires ont d'ailleurs largement compris ce principe et ont donc inventé des systèmes qui font appel à notre côté passionnel, en nous proposant des objets en série limitée, des sorties de livres ou de disque à minuit pile, des semaines promotionnelles, des soldes incroyables, avec toujours, en filigrane l'idée qu'il n'y en n'aura pas pour tout le monde, et qu'on n'a pas le temps de réfléchir, et donc qu'il faut se précipiter toute affaire cessante.

Partant de ce principe de base, notre Altesse Sérénissime Le Bon et Grand Roi du Monde Sark Vador, va d'effets d'annonce en effets de manche, et promet, à la vitesse d'une mitrailleuse, une pléthore de mesures et d'idées, sans qu'on sache toujours très bien ce qu'il y a derrière. Et le temps qu'on décortique une seule de ses mesures, il occupe le terrain en en proposant dix autres. Du rythme, du rythme, du rythme... Sinon, les gens s'ennuient.

Fascinés par le personnage, les médias, au lieu de le contrer, et d'agir en vertu de la démocratie, suivent le personnage, et relayent sans discernement tous ses déplacements, toutes ses déclarations. Sarkoléon Bonaparte est omiprésent, omnipotent. Vous aviez Bush, amis étasuniens ? Nous avons Sarkozy ! Pour eux, chantres de l'ultra-libéralisme, un pays se gère comme une entreprise, à grands coups de coupes dans le budget, et de licenciements. Ce qui compte, c'est le résultat, et le résultat, ce sont les chiffres. Et qu'importe, si, derrière ces chiffres, se trouvent des vies, des êtres sensibles, des familles, des histoires. Ne dit-on pas qu'on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs ? Alors, de quoi vous plaignez-vous ?

Avec l'avènement et la consécration de la télé-réalité, le Truman Show de Peter Weir est une réalité. La France est devenu un avatar de Big brother, avec des caméras partout, des expulsions des candidats non désirables, et un producteur tout puissant qui entend tout gérer.

La démocratie française va mal, les amis. Après avoir élu la Droite en 2002, avec un score digne d'une république bananière, nous voilà maintenant en train d'expérimenter le despotisme light (light, parce que les pertes de liberté se font subreptissement, en passant, sans qu'on s'en rende tout à fait compte), avec des médias soumis, et une opposition politique laminée, qui ne trouve rien de plus intelligent que de se tirer dans les pattes...

Pensez à nous, amis francophones... Nous sommes une vingtaine de millions à être pris en otage par un mégalomaniaque. Aidez-nous...

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Commentaires
S
Je n’aime pas Sarko ; effectivement les media semblent (pour l’instant) fascinés par le personnage comme un lapin par les phares d’une voiture. Par contre, je trouve douteuses les assertions faciles du type Sarko / facho. Les victimes des dictatures seraient certainement ravies de vivre en France en 2007. Je ne suis pas persuadé que Mitterrand ait été plus « démocratique », mais c’est vrai que c’est déjà un autre siècle. <br /> Le vrai problème me semble venir de la nullité absolue de l’opposition incapable de s’unir et de proposer une authentique et réaliste alternative. Sarko ne fait que profiter du vide qu’il a face à lui.
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