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13 septembre 2007

De l'art de réécrire l'histoire

Dans 1984, la terrifiante et fabuleuse utopie négative de George Orwell, le héros travaille pour le ministère de l'information. Il est chargé, chaque jour, de modifier des points de détails de l'Histoire, et de détruire toute preuve de l'existence de la version précédente. Quotidiennement, il reçoit, comme tous les employés du ministère, des consignes, qu'il doit appliquer à la lettre, ce qu'il fait, sans trop se poser de questions. Ainsi, son Gouvernement, avec à sa tête le fameux Big Brother, possède toujours une vision de l'Histoire qui va dans son sens, et peut donc contrôler les individus, puisqu'il contrôle leur passé.

On a commémoré, il y a deux jours, les attentats du 11 septembre 2001. Cette fois, les médias mondiaux ne nous ont pas asséné les mêmes images en boucles, mais, le jour même tout au moins, on a eu droit à cette information. En revanche, nulle part dans les médias français que j'ai aperçu, on n'a parlé du 11 septembre 1973. Pourtant, ce jour-là, un certain général Pinochet squattait le pouvoir au Chili, à la suite d'un sanglant coup d'état. Le bilan de son règne de 17 ans n'est pas très glorieux : plus de 3 000 morts et disparus, principalement dans les 5 premières années du régime, et plus de 27 000 torturés...

Loin de moi l'idée de comparer l'horreur, et de faire un Guiness book du nombre de morts. N'empêche que je ne peux pas ne pas y penser... Pourquoi est-ce que les attentats du 11 septembre ont pris le pas sur Pinochet ? Pourquoi est-ce que certains morts comptent plus que d'autres ? Pourquoi est-ce que, même mort, un être humain possède un poids différent selon son origine ?

Parce que, même si je pleure les morts du World Trade Center, cela ne m'empêche pas de penser au peuple Chilien. Mon esprit est assez vaste pour contenir plusieurs informations. Une souffrance est une souffrance, d'où qu'elle vienne. La commémoration est un devoir de mémoire, essentiel pour bâtir un monde plus juste. Ne nous cantonnons pas à la commémoration médiatique, qui ne s'intéressent aux événements que s'ils sont télévisuels et assortis d'images spectaculaires...

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Commentaires
D
Et puis, c'est bien pratique les commémorations, ça occupe le paysage médiatique. On parle principalement d'un truc qui fait pleurer dans les chaumières (personne ne dira "c'est bien fait pour leur gueule") et puis on lance juste après un sujet qui fache. Avec ça, on peut faire accepter toutes les autres réformes.<br /> Cette stratégie a fait ses preuves, Nicolas nous en avait déjà fait la démonstration au ministère de l'intérieur : plus il lance de réformes en même temps, plus il a de chances que certaines passent sans le moindre soucis. C'est un truc de prestidigitateur : on jette un sujet qui fait polémique dans l'univers politico-médiatique et qui n'a aucune chance de trouver une transcription dans la loi (les tests ADN pour les postulants immigrés par exemple... ah, un grand classique les polémiques sur la génétique...), les médias et intellectuels ne parlent que de ça, les débats s'ouvrent (avec en prime une date buttoir ; nous n'avons que peu de temps pour débattre d'un tel sujet), ce qui laisse le champ libre pour plein d'autres réformes. <br /> <br /> Deuxième stratégie éprouvée, diviser pour mieux reigner : tel la réforme des régimes spéciaux, mais pas pour tous les bénéiciaires. Résultat, les plus touchés se révoltent (mais ils sont bien minoritaires), les autres ne bronchent pas (ouf, nous sommes épargnés !). Sauf que les épargnés seront les suivants...<br /> <br /> Je ne saurais dire à quel point j'en veux aux médias (certes, il n'en reste plus beaucoup d'indépendants).
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