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20 juillet 2007

Petite leçon de libéralisme sans prétention

J'aime bien le cinéma américain grand public. J'aime me distraire, bien sûr, mais c'est surtout parce que dans le film grand public, le méchant est toujours très classique. On divise les Méchants en deux catégories : 1- Ceux qui portent un masque, sont laids, ont eu une enfance déplorable, une sexualité approximative, une scolarité piètre parsemée de multiples brimades et humiliations en tout genre, et qui habitent dans une masure bien glauque et bien poisseuse. On classera, dans cette catégorie, et en vrac, Freddy Krugger (Les griffes de la nuit), Letherface (Massacre à la tronçonneuse), Mickaël Myers (Halloween), Jason Voorees (Vendredi 13), Silas (Da Vinci Code), Darth Vador (Star Wars)... 2- Ceux qui sont cultivés, froids, calculateurs, qui aiment l'art, qui considèrent les autres comme du menu fretin, qui habitent les beaux quartiers, qui aiment les bons vins, et qui s'habillent avec goût. On classera, dans cette catégorie, le Comte Zarrof (Les chasses du comte Zaroff), Hannibal le cannibale (Le silence des agneaux), les divers nazis dans la série des Indiana Jones (qui dira le charme de l'accent allemand, lorsqu'on est méchant ?...), les sadiques chez James Bond (qui aiment bien tripoter des chats d'une main négligente, et qui ont toute une ribambelle de bestioles répugnantes à leur service, tels que les serpents, les requins, ou les piranhas)... Bref, on le repère de loin, le méchant de service, contrairement aux gentils, soit dit en passant, qui, eux, mettent un sacré moment à les reconnaître (alors que nous, dès leur apparition, on hurle à pleins poumons au héros que c'est lui, le méchant, à qui il est en train de serrer la main, mais il n'entend jamais rien le héros, évidemment...).

Il serait très pratique que, dans la vraie vie, ce soit la même chose. Ainsi, tout deviendrait beaucoup plus simple. On repérerait tout de suite, d'un seul coup d'oeil, les gens biens et les vilains. On pourrait même appliquer ça en politique, et ça serait rudement bien. Imaginons, par exemple, que tous les hommes politiques conservateurs aient des trompes à la place du nez, soient répugnants, bêtes et stupides. Imaginons que les politiques menées n'aient aucune demi-mesure : bonheur absolu ou malheur total... C'est sûr, on retrouverait plus facilement nos petits, comme dirait ma grand-mère...

Oui, mais voilà, la vie, ça n'est pas comme ça (ça aussi, c'est ma grand-mère qui le disait). Et lorsqu'on observe les nouveaux princes qui nous gouvernent, dans notre bel hexagone, force est de constater qu'ils sont fort loin de la caricature à laquelle certains se sont laissés aller. Et non, Sark Vador n'est pas un monstre à tête humaine, ce n'est pas non plus un Hitler en puissance, et la France ne va pas basculer soudainement dans l'horreur, la souffrance et l'injustice. Les flammes de l'enfer ne vont pas se mettre à souffler. Sarkozy n'est qu'un conservateur qui défend le libéralisme. Ni plus ni moins. Et le libéralisme n'est pas une hydre affreuse. Le libéralisme n'est qu'une bête manière comme une autre de voir le monde. Certains y trouvent leur compte. D'autres moins. Et selon où on se place sur l'échiquier politique, on adhère plus ou moins, on s'en approche, ou on s'en éloigne, on tente d'améliorer le système, ou de proposer d'autres choses, ou encore d'inventer des nouvelles formes d'échange.

Selon moi, le libéralisme est un système dangereux et injuste. Mais, il faut le reconnaître : il présente bien. Pour mieux comprendre ce système, il suffit d'observer une représentation concrète de celui-ci : j'ai nommé l'hypermarché.

La façade de l'hypermarché est clinquante. Elle brille de mille feux. Dès qu'on y pénètre, des milliers de rêves semblent se concrétiser devant nous. Soudain, mille envies fourmillent dans nos doigts. Des dizaines de gens sont à notre service. Certains sont là pour que tout soit toujours propre, d'autres nous proposent de goûter de nouvelles saveurs. Tout est à notre portée : des produits incroyables, des nouveautés alléchantes. Musique, produits de beauté, vêtements, mais aussi voyages, et produits bancaires. Plus besoin d'aller ailleurs, tout est concentré en un même lieu. Et puis, des offres pleuvent, des produits gratuits abondent. Et une simple carte de fidélité du magasin nous apporte des priorités aux caisses, des bons d'achats, des réductions, des cadeaux... et le tout se déroule dans une parfaite sécurité, puisque l'ensemble est truffé de caméra et de vigiles. Sans compter que tous s'y retrouvent. De droite comme de gauche, on y va tous plus ou moins. Les frontières se gomment. Le bonheur est là. Cueillons-le.

L'envers du décor est évidemment moins reluisant : des prix qui valsent et qui changent drôlement vite sans qu'on puissent vraiment les contrôler ; des employés qui ont des horaires très élastiques, très flexibles, comme on dit ; un important turn-over ; un semblant de choix qui cache un monstrueux monopole contrôlé par une poignée d'individus ; des prix bas qui voilent le fait que, pour les obtenir, il a bien fallu payer encore moins chers les fabricants et les fournisseurs ; une participation active à la pollution de l'environnement, puisqu'on doit pouvoir fournir des tomates en plein mois de décembre, ou des fruits exotiques venu, par avion, de contrées lointaines. Mais, en définitive, tout ça, on le sait, on s'en doute... Malgré ça, c'est si bon de faire de bonnes affaires. C'est si bon de ressentir ce sentiment d'économie, parce qu'on a dégoté une boite de thon un euro moins cher que chez l'épicier de son quartier. C'est si bon d'être un peu égoïste... Le bien-être des autres oui... Mais, d'abord le mien... Et puis, je ne fais rien de mal... Je me fais juste plaisir...

Voilà sur quoi repose le libéralisme. Sur cet égoïsme qui nous caractérise tous, sur ce besoin nécessaire de se faire des petits plaisirs. Rien de mal en définitive.

N'attendons pas de Sarkozy qu'il soit autre chose qu'un gendre idéal, aux dents certes un peu longues, mais arrondies au bout par un dentiste consciencieux. Au lieu d'attendre (et d'espérer secrètement) les erreurs de notre prince et de ses sujets, afin de brandir ce fameux "ahh !!! Je vous l'avais bien dit !!!", occupons-nous plutôt de reconstruire de véritables forces progressistes avec de vraies perspectives d'avenirs. Juste pour que le monde ne cède pas aux sirènes du Marché et de l'Hyper -Marché...

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