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12 juillet 2007

Je l'aimais, de Anna Gavalda

Gavalda"Au bout de combien de temps oublie-t-on l'odeur de celui qui vous a aimée ? Et quand cesse-t-on d'aimer à son tour ? Qu'on me tende un sablier."

Chloé, la trentaine, deux jeunes enfants, se retrouve célibataire après plus de huit ans de vie commune avec Adrien. Son mari l'a quittée pour une autre. Elle se retrouve dans la maison familiale, face à son beau-père, qui va, au cours d'une nuit, lui faire une confession : Adrien a eu le courage de remettre sa vie en question, ce que lui, son père, n'a jamais osé faire.

Sujet casse-gueule, et plutôt classique, où les beaux et bons sentiments auraient pu vite prendre le pas sur l'intelligence. Pourtant, Anna Gavalda (la géniale auteure de "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part") s'en tire plutôt bien. Parce qu'elle peint un tableau en demi-teinte, où les cartes restent brouillées et où il est difficile de trancher. Parce qu'en choisissant, dès le départ, le point de vue de Chloé, avec une première personne du singulier, le lecteur se trouve du côté de Chloé. Et malgré ça, on comprend aussi Adrien, et on a du mal à le condamner. C'est peut-être ça la force du livre, c'est qu'on ne peut finalement prendre partie. On est touché par les personnages. Qui a tort ? Qui a raison ? Qui est le bourreau ? Qui est la victime ? Chacun a sa part de responsabilité...

Alors, bien sûr, le livre n'est pas exempt de défauts. Écrit sous forme de dialogue, avec très peu de descriptions, les phrases restent parfois très (trop) littéraires. On les sent, ici ou là, travaillées. Dirait-on cela ainsi, lorsqu'on est écrasé de chagrin ? Pas sûr. Le doute plane...  Et ces deux longues lettres que le beau-père semble citer de mémoire... est-ce bien crédible ? Et cette allusion à Paolo Coelho, à la fin, était-elle nécessaire ? Comme si Anna Gavalda avait eu peur, au dernier moment, de sombrer dans les mélos mielleux de l'auteur de l'Alchimiste...

N'empêche. Le livre fait mouche. Parce qu'il nous parle de nous, tout simplement. J'ai acheté mon exemplaire dans un vide-grenier. J'ai trouvé un mot manuscrit dans le livre, derrière la couverture. Et il disait ceci :

"Agnès, je ne savais pas quel cadeau te ramener. Par hasard j'ai trouvé et lu ce livre. je crois que toi aussi tu devrais le lire. D'une certaine façon il raconte notre histoire et on se retrouve un peu partout. Nous avons tous les deux le droit d'être heureux, et nous avons fait ce qu'il était possible pour l'être ensemble. Finalement, nous le serons séparément, mais je suis sûr qu'il y aura aussi des bonheurs que nous partagerons toi et moi". C'était signé Vincent. Mais, finalement, j'aurais aussi pu l'écrire, ce mot. J'aurais juste eu à changer les prénoms et deux ou trois détails.

La force d'un auteur est sûrement de s'emparer de son histoire personnelle pour en fabriquer une autre, plus universelle. Et sur ce point-là, Anna Gavalda a réussi son pari.

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Commentaires
A
Lorsque l'on souffre du manque de l'autre on fait l'erreur de croire sa douleur unique, hélas cela a été déja vécu, cela permet de relativiser...devrait permettre !<br /> <br /> j'ai cessé de lire ce genre de livre !
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