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25 juin 2007

Dagon, de Stuart Gordon

dagon

Howard Phillips Lovecraft (1890-1939) a eu deux périodes d'écriture. Dans la première, on trouve des histoires de fantômes, de sorcières et de maisons hantées. Plutôt classiques et pas désagréables à lire (on peut, par exemple, se référer à "Je suis d'ailleurs", à "La musique d'Erich Zann", ou au "Modèle de Pickman") ces histoires vont puiser chez Edgar Allan Poe. Mais, dès 1926, l'auteur invente une véritable mythologie avec "L'appel de Cthulhu" où on fait connaissance avec de monstrueux Dieux Anciens qui dorment sous les océans, ou dans des coins du ciel, et qui ne demandent qu'à être réveillés. On trouve alors des histoires assez incroyables et vraiment effrayantes ("La couleur tombée du ciel", "Dans l'abîme du temps", "Par delà le mur du sommeil", "Les montagnes hallucinées"...).

Tiré de l'excellente nouvelle "le cauchemar d'Innsmouth", Dagon (2001) de Stuart Gordon reste la meilleure des quatre adaptations de Lovecraft que le réalisateur nous a offert, ou, tout au moins, celle qui la plus proche de l'esprit du maître. Il avait, en effet, sévi en 1985 avec le gorifique (et plutôt drôle) Ré-animator, suivi en 1986 de From Beyond. On lui devait enfin, en 2005, l'adaptation de "la maison de la sorcière" dans la série fantastique "Masters of horror" (et on oubliera gentiment cette dernière "oeuvre", plutôt ridicule, avec son homme à tête de rat et sa sorcière de pacotille).

L'histoire du film est plutôt accrocheuse : Suite à un naufrage, un couple se retrouve dans le village d'Imboca, un bien étrange village, plutôt vide la journée, et peuplé d'habitants plus que glauques dès la nuit tombée. Faut-il préciser que cette ville possède un bien lourd secret, et qu'on y vénèrent le dieu Dagon, un dieu poisson peu fréquentable à tendance maléfique ?

Maintenant, pour être tout à fait honnête, le film, malgré quelques bons moments (dont une séquence où la peau du visage d'un vieil homme est retirée à la manière d'une chaussette qu'on retourne), reste très en deçà de l'esprit de terreur qui souffle dans les nouvelles de Lovecraft. Est-ce dû au manque d'argent, manifeste dans le film, au jeu des acteurs parfois approximatif, ou aux incohérences scénaristiques (un prêtre, qui ne semblait parler que l'espagnol, se met soudain à parler très bien l'anglais ; un vieil homme a vécu plus de 50 ans dans ce village rempli d'hommes monstrueux et maléfiques, sans avoir été très inquiété, apparemment ; le héros cherche une voiture pour partir, alors qu'il pourrait, tout à fait s'enfuir à pied, sans trop de problème...) ? En tout cas, force est de constater l'incapacité de porter à l'écran les textes de Lovecraft.

Le seul qui, finalement, y était arrivé avec brio, c'était John Carpenter, en 1995, avec son excellent Dans l'antre de la Folie. Mais le film était surtout un hommage aux atmosphères délétères et poisseuses de Lovecraft.

Alors, une question se pose : est-il possible d'adapter à l'écran une histoire de Lovecraft ? Est-il inconcevable d'espérer trouver un réalisateur qui parvienne à appréhender ces histoires terribles, où les hommes se retrouvent face à des Dieux anciens, dans des cités où, manifestement, l'être humain n'a pas sa place ?

En tout cas, si Peter Jackson a réussi avec Le Seigneur des Anneaux (oeuvre réputée inadaptable pendant des dizaines d'années, et qui a traîné entre les mains de grands réalisateurs qui ont jeté l'éponge), on peut toujours garder espoir. Et en attendant, on peut se replonger dans les oeuvres, encore trop méconnues du maître...

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Commentaires
D
Il y a une adaptation datant de 2005, "THE CALL OF CTHULHU", qui, parait-il, est très réussie. Elle est réalisée par Andrew Leman et Sean Branney qui sont de véritables fans de l'ami Lovecraft (fondateurs de la H.P. Lovecraft Historical Society). <br /> Film réalisé avec trois francs six sous en DV dans un procédé qu'ils ont baptisé Mythovision et en muet (comme s'il était sorti en 1926, date de la sortie de la nouvelle) avec un gros travail sur le noir et blanc, sur les jeux d'ombres... Un moyen métrage de 47 minutes qui, dit-on dans les cercles de connaisseurs, est remarquable. Le problème est qu'on ne le trouve pas en DVD en France.<br /> Pour voir le trailer sur le site dédié :<br /> http://www.cthulhulives.org/cocmovie/trailer.html<br />
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