De l'art de l'emballage
En ce moment, sur les murs de la ville, ont fleuri de magnifiques affiches de publicité vantant les mérites grandioses et délirants d'un rasoir à cinq lames. "une avancée technologique révolutionnaire" dit le slogan... rien que ça...
Bon, j'avoue m'être laissé convaincre, voici un an de cela, par le rasoir de la même marque, mais à trois lames. Et force est de constater qu'il rase très bien. D'autant qu'il lui avait ajouté, à la bestiole, une barre de lubrifiant d'un bleu abyssal bourré de vitamines en tout genre, pour préparer ma peau au passage des trois lames, tout en calmant le "feu du rasoir" (j'adore cette expression... On ne se refait pas...).
Lorsque j'ai vu ce nouveau produit révolutionnaire, deux sentiments se sont saisis de ma personne. D'abord de la frustration : je n'étais plus à la pointe du progrès. Je passais du coté des dinosaures du rasage, des perdants, des petits joueurs (little players, en anglais, pour nos amis anglophones, dont Djorgounet W...). Ensuite, j'ai eu peur. Oui peur. Si ma peau était toute douce avec trois lames, qu'allait-elle devenir après le passage de cinq lames...
Au delà de ça, on ne peut qu'être surpris par le slogan pseudo-scientifique du machin. La pseudo-science, ou l'emploi de mots à la connotation scientifique, se substitue à toute analyse raisonnable, et donne la puissance d'un argument d'autorité. Aussi, quand on lit cette affiche, on ne peut être qu'impressionné... Mon dieu, nous disons-nous ! La révolution est en marche...
Pourtant, elle est bien pauvre cette révolution... Ajouter deux lames à un rasoir qui en avait trois, ne change pas grand chose à l'action première de l'objet. Finalement, tout est une question de packaging...
Quand on voit le discours de notre bon sinistre de l'intérieur, alias Nicoli Sarkoza (ou le contraire, allez savoir...), les mêmes impressions peuvent nous saisir... Pourtant tout comme le rasoir cinq lames est un avatar du rasoir à trois lames, le petit NicolaS.S. n'est qu'un homme de droite avant tout. le conservatisme reste le conservatisme, le libéralisme itou... Et s'il y a quelque chose de révolutionnaire chez notre ministre, c'est bien son art de nous faire croire qu'il puisse exister un libéralisme à visage humain...
Finalement, la droite à cinq lames, c'est comme celle à trois lames de 2002... sauf qu'elle tond de plus près encore...