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20 novembre 2006

De l'art d'uniformiser les choses

A la grande période de la Guerre Froide, le monde était simple. Divisé en deux camps très distincts, le capitalisme et le socialisme offraient deux modèles de société très différents. A cette époque bénie, il suffisait de choisir son système. Bien sûr, le capitalisme donnait un modèle bien plus attractif que son homologue d'URSS : on avait des couleurs, du choix, et surtout de la liberté et de la démocratie. Inversement, le socialisme offrait à l'individu un monde grisâtre, tristounet (renforcé par le fait qu'il faisait généralement un temps plutôt immonde !) et surtout d'une terrible uniformité.

Sous couvert d'égalité, le monde socialiste (qui aspirait au communisme) était un monde qui n'acceptait guère la différence, et qui demandait à l'individu de ressembler à son voisin. On a tous l'image de ces supermarchés moscovites avec une seule marque dans les rayons.

Aujourd'hui, le système communiste s'est effondré, probablement parce que l'idée de base a été pervertie par des individus à la Staline, qui n'ont su créer qu'une infernale dictature (si tant est qu'une dictature puisse être autre chose qu'infernale...). Le système capitalisme triomphant s'est alors emparé du monde (dit) libre en s'imposant comme la force unique permettant de résoudre tous les problèmes tout en apportant un maximum de bonheur aux individus.

D'un bipolarisme simpliste (socialisme / capitalisme), on est donc passé à un libéralisme sauvage et unique qui s'autoproclame comme seule et unique manière de penser le monde.

Formé à partir du mot liberté, le libéralisme est devenu, aujourd'hui, une liberté économique, qui consiste à avoir la possibilité de s'enrichir en usant de tous les moyens possibles, même s'ils contredisent les principes de base des Droits de l'Homme ou le respect de l'environnement. L'enrichissement de quelques uns au détriment de la majorité montre bien que l'ancienne division du monde n'était qu'une illusion. Le libéralisme contemporain et le communisme de l'ex-URSS sont des frères jumeaux. Faux-jumeaux, peut-être, mais en tout cas de la même famille et défendant des valeurs beaucoup plus proches qu'on ne le croit.

Charlélie Couture disait dans la chanson "les pianistes d'ambiance" qu'on préfère toujours les étrangers de couleur, "parce qu'on les repère de loin". L'avantage d'une dictature pure et dure, c'est qu'elle se reconnaît. Souvenons-nous de l'Afghanistan, des talibans et des femmes voilées de haut en bas, qui évoluaient tel des fantômes, dans les rues des villes. ça c'était de la vraie de la bonne dictature. Droits des individus piétinés, terreur quotidienne, lois injustes et absurdes... Le problème se pose différemment lorsque la dictature s'impose au sein même d'un système de liberté. Plus sournoise, elle est beaucoup plus compliquée à combattre, parce que, justement, on ne fait pas attention, on n'y croit pas...

Dans une vraie dictature (la pure et dure, justement), la liberté de la presse est une des premières qui saute. Et on a généralement un organe d'état qui fait office de diffuseur d'information. Dans une démocratie, inversement, on a la pluralité de la presse.

Lorsqu'on regarde, en France, l'état de la presse quotidienne, on peut légitimement s'alarmer. Libération, un des trois grands quotidiens d'information, est en très lourde difficulté financière (vite, vite, un plan "social" pour "dégraisser" l'entreprise...). Le Monde et Le Figaro en sont à offrir des DVD et des livres d'art pour qu'on continue à les acheter...  Seul l'équipe, le journal sportif, se porte bien.

Mais alors, les français ne lisent plus la presse ? Si, si... Il suffit d'entrer dans les transports en commun pour constater le contraire. Beaucoup de gens lisent le journal... Mais ils lisent des "gratuits". 20 minutes ou Métro sont en effet très lus... Sauf que ces journaux ne sont plus que des produits, qui traitent l'information comme telle, sans distance, sans analyse, et noyée au milieu de la publicité, l'arme de destruction massive du libéralisme. En jouant sur le pluralisme (offrons plus de choix aux individus), le libéralisme réussit à réduire à néant ce qui peut nous donner les moyens de le combattre.

Et alors, les transports en commun nous rappellent le bon temps du Stalinisme où tout le monde avait la même information, où tout le monde n'avait accès qu'à la même chose, où tout le monde était manipulé de la même façon. Des hordes de gens avec le même journal, les mêmes couleurs, les mêmes idées...

"Bienvenu dans le monde réel Néo..."

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Commentaires
S
Et oui, les gens se jettent sur tout ce qui est "pas cher", ou carrément "gratuit". Et tant pis si c'est de moins bonne qualité, si l'info se fait homogène, l'essentiel c'est de faire durer au maximum un billet de 5 € jusqu'à son dernier centime... Et ce n'est pas l'apanage des sdf ou des rmistes, même la classe moyenne se trouve touchée. Mais pour l'info, il y a aussi certainement, le fait qu'Internet permet une info immédiate et tout azimut. Et je ne parle pas des chaînes câblées... Les gens ne lisent plus les journaux, ils zappent et écoutent.
D
Le libéralisme est, à l’origine, un courant philosophique, héritage du siècle des lumières, reposant l’idée que chaque être humain possède trois droits fondamentaux : droit à la vie, droit à la liberté et droit à la propriété. Il s’oppose au totalitarisme, au communautarisme, à trop d’influence de l’état sur chacun… toute organisation qui peut entraver la pleine jouissance des trois droits. Ainsi, ce n’est pas l’idée qui est en cause, c’est ce que les hommes en font. Et force est de constater que c’est le droit à la propriété qui grignote tout le reste, qui est érigé en nouveau courant doctrinal finalement : c’est le néolibéralisme (bienvenue dans le monde réel ?). <br /> <br /> L’intervention de l’Etat y est modérée, l’important est de s’enrichir, c’est vrai. Mais je pense que c’est la faute individuelle qui alimente le système, pas le système lui-même en tant qu’immonde monstre tentaculaire. Je fais le choix d’acheter tels produits pour telles raisons idéologiques, politiques, environnementales…, d’économiser l’eau du robinet, de trier mes déchets, de bosser dans une association… J’ai le droit de vivre libre et d’être propriétaire. Ce sont mes valeurs qui me dirigent dans les conditions d’accession à la propriété. Est-ce un besoin ou un caprice consumériste ? Où va l’argent que je débourse ? Je dois me préoccuper de ce que je mets dans mon caddie car il peut être militant.<br /> <br /> On peut se contenter de dénoncer le système, on peut ne faire écho que des catastrophes industrielles qui jettent des milliers de salariés à la rue, comme le fait Besancenot. Dénoncer les symptômes d’une société malade. « Nos vies valent plus que leurs profits ». Dans son slogan, il reprend les deux principaux droits du Libéralisme, mais les opposent. « Ils » font des profits, « nous » crevons. Bon, c’est binaire parce que c’est un slogan, ok. Mais ne serions-nous pas plus lucides en avouant que non, ce n’est pas la faute des patrons voyous, des politiciens avec leurs lois sécuritaires et leur démolition sociale, c’est la faute des consommateurs, nous. De chaque citoyen. Il nous faut réfléchir aux conséquences d’innombrables actes ou renoncements quotidiens sur notre vie, sur l’environnement... <br /> <br /> Et oui, moi aussi j’y pense, et puis j’oublie…
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