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17 août 2006

De l'art d'entretenir la peur (la suite...)

Hier encore, je parlai de la peur et de la Raison, qui sont deux notions proprement incompatibles. Contrairement à la peur, la raison demande du temps, du tâtonnement... La peur est immédiate, instinctive. On l'éprouve de suite et elle nous envahit totalement. Pas besoin de culture. La peur est universelle. La peur est pleine de certitudes quand la raison est emplie de doute...

C'est probablement partant de ce principe simple que nos amis publicitaires ont créé cette nouvelle campagne...

Dsc02699

Que voit-on (on oublie le type qui photographie, merci... C'est moi qui ait oublié le fameux principe du reflet...) ?

En gros plan, sur fond noir, un homme, avec une barbe de plusieurs jours, porte un masque d'enfant. En dessous, écrit avec une police d'ordinateur, un pseudo sympathique ("superlulu") suivi d'une invitation ("cherche nouveaux amis"). Et puis, la morale de l'histoire : derrière un pseudo gentil peut se cacher un mécréant.

Si on analyse un peu l'image, on s'aperçoit d'abord tous les détails qui appartiennent au champ de la peur : Le noir, d'abord, qui évoque la mort, la nuit ; l'aspect mal rasé de l'homme (un pervers est toujours quelqu'un de négligé, c'est bien connu...) ; le fait que l'homme soit masqué (tous les serial-killers sont masqués au cinéma : les tueurs de Scream, Jason dans Vendredi 13...), et qu'il ressemble, à la fois, au tueur de Halloween de John Carpenter (ah... michaël Myers...) et à la femme des "Yeux sans visage" (film fantastique des années 60 de Georges Franju).

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Inversement, on peut noter aussi tous les symboles de l'innocence de l'enfance qui parsèment cette affiche : la blancheur de masque (le blanc : la pureté, la virginité...), la blondeur des cheveux (ne dit-on pas "ces chères petites têtes blondes" en parlant des enfants ?), et l'épingle à nourrice.

On est donc bien dans un discours très manicchéen, où on a les méchants (les hommes grassouillets et mal rasés) et les gentils (les merveilleux enfants, si mignons et si gentils...). Tout est logique, repérable. Et on joue bien sur une peur diffuse... Attention les enfants, le Mal est partout... ça peut t'arriver...

Je n'ai rien contre la prévention, et éduquer les individus pour leur dire qu'il ne faut pas être naïf est une chose louable et nécessaire. Je doute pourtant qu'il faille jouer sur la peur. Il n'y a guère plus de danger sur le web que dans le monde qui nous entoure. Mais ici, on joue bien sur la peur des réseaux pédophiles du net...

Je doute de l'impact réel de ce message, honnètement. On joue au loup, on s'offre du frisson, mais après... d'autant que, vraiment, je trouve très génant cette accumulation de poncifs... non, l'enfant n'est pas un être innocent et blanc, tout au moins sur certains points... Il n'y a qu'à voir des enfants jouer dans une cour de récréation... Quel enfant n'a pas fait souffrir un animal, juste pour voir ? Où est l'innocence dans le fait de faire fumer un crapaud ou de tirer la queue d'un chat ? Et, non, les pervers ne sont pas forcément des hommes de 40 ans, gras et mal rasés (je me demande pourquoi les concepteurs de l'affiche n'ont pas mis de la bave aux lèvres du type pendant qu'ils y étaient...).

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Heureusement, dans mes balades, je croise aussi des initiatives heureuses. Et un artiste niçois a squatté des panneaux publicitaires... C'est vraiment chouette, tiens...

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Commentaires
E
Ztwee, ravi de te relire !<br /> promis, je m'y remets parce que, j'avoue, moi aussi je les aime bien ces chroniques...
Z
Ah, j'adore toujours autant les chroniques avec "nos amis publicitaires", un régal !
B
Dans ta liste descriptive des symboles mis en avant, tu as oublié de noter que "Superlulu" à 13 ans... Ce n'est sans doute pas un hasard !<br /> <br /> @+
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