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19 juillet 2006

De l'art de déréguler une société

Il était une fois un monde où régnait la loi la plus cruelle, à savoir la loi du plus fort. Bien sûr, les états, mollement démocratiques, avaient, chacun, tenté (avec plus ou moins de convictions) d'y remédier, avec une candeur naïve, mais, ça n'avait guère marché. Dans ce monde, donc, on exploitait à qui mieux mieux.

Il était une fois, dans ce même monde, un homme riche, très riche, vraiment très riche, qui avait décidé d'être bon. Et dans sa grande bonté, l'homme avait décidé de sauver le monde. Il avait, en effet, constaté que le monde était laid, et les états vilains, alors, il avait pris la décision de faire quelque chose pour ses amis les pauvres.

Tout d'abord, il s'était rendu compte que le pauvre avait souvent tendance à attraper toutes sortes de maladies dégoutantes et purulentes, alors il décida de consacrer son argent à soigner ses amis les pauvres. Ensuite, l'homme très riche avait vu que le pauvre était souvent bête. Il fallait donc le cultiver. Alors, il consacra une autre partie de son argent à son éducation. De plus, l'homme très riche avait pris conscience qu'il y avait des pauvres qui avaient le mauvais goût d'avoir une quantité d'enfants impressionnante au sein même de son propre pays. Alors, il consacra une troisième partie de son argent à aider ces pauvres-là. Enfin, comme l'homme très riche fabriquait des ordinateurs, il décida d'en équiper les bibliothèques à travers le monde, comme ça, les pauvres pourraient pianoter à qui mieux mieux avec leurs petits doigts maigres (ou leurs petits moignons, car certains pauvres avaient chopé la lèpre...).

Les états applaudirent à deux mains lorsqu'ils virent cette initiative, et certains, même, encouragèrent notre homme très riche à continuer dans ce sens. Il y eut même des gouvernements qui lui firent quelques dons.

L'homme riche, très heureux, continua son action. Il répendit le bonheur, et la société continua à exclure...

Voilà, voilà... Cette histoire, c'était celle de Bill Gates, le bon, le grand, et de sa fondation (http://fr.wikipedia.org/wiki/Fondation_Bill%26Mellina_Gates). Et je la trouve terriblement inquiétante, parce qu'elle est tout à fait révélatrice de la tendance actuelle des États et des gouvernements à se désengager. Le travail qu'effectue Bill Gates est un boulot qui, normalement, relève du service public. C'est au gouvernement de veiller à la santé de ses membres. Si des intérêts privés s'en mèlent sous forme de dons désintéressés, tant mieux, mais l'état se doit, par soucis d'égalité, d'être le principal gestionnaire de ces domaines. On sait très bien ce que deviennent les questions de santé, d'environnement, d'éducation ou de culture à partir du moment où des groupes privés s'en emparent.

Je n'ai rien contre Bill. Ce qu'il fait est louable. Mais deux choses me gènent. La première, c'est qu'il devient la caution d'un gouvernement qui lâche tout (ne vous inquiétez pas les pauvres... Bill fera le boulot aussi bien que nous...). La seconde, c'est que Bill équipe les bibliothèques du monde avec les systèmes de Microsoft... Pas bête, Bill... Belle idée qui permettra aux gens de devenir complètement dépendants de tes systèmes d'exploitation...

La fondation de Bill fait de la charité. Pourquoi pas ? C'est toujours bon à prendre. Reste que les États doivent rendre les gens heureux et autonomes. Et j'ai dans l'idée que si la charité marche à plein régime, la société, en revanche, ne fait pas tout à fait son boulot...

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