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26 juin 2008

De l'art de savoir ce qu'on veut !

PHOT0061

Même les publicités les plus banales en apparence peuvent être pernicieuses. La preuve en image ci dessus. Que voit-on ? Un portable noir, sur fond noir, avec une écriture blanche et le logo de la boite ainsi que le slogan en orange. On notera le peu d'innovation de l'affiche en question et l'extrême simplicité de la photo. Pas de fille dévêtue pleine de seins débordant d'un débardeur XXXXS, de pompier musclé et torse nu à vous faire enflammer une bonne soeur... Un simple visuel... Mais alors, où est le piège ?

Réponse : dans l'apparente simplicité des mots...

Le nom du forfait est révélateur de la tendance publicitaire à vider les mots de leur sens pour mieux se les approprier. L'Origami est l'art japonais traditionnel du pliage en papier. Quel rapport avec un nom de forfait excepté, peut-être, que vous recevrez votre facture sur une feuille ? (et que, pour vous consoler d'avoir explosé votre forfait une fois de plus, vous pourrez faire une joli cocotte, un cygne charmant ou un bateau gentil avec celle-ci !) Il n'y en a aucun en définitive, et on ne fait qu'appliquer ici ce que George Orwell expliquait dans 1984, avec l'apparition, dans une société totalitaire, du Novlangue, qui est une langue qui n'a pas d'autre but que de vider les mots de leur contenu pour mieux manipuler la pensée des individus. Le (piteux) cerveau dont a surgi cette idée a dû juste trouver que le son était joli, à moins que son propriétaire (du cerveau, pas du son !) ait passé une semaine juste avant au pays du soleil levant... Et pour enjoliver le tout, on a collé au mot japonais le substantif Star. Sous-entendu : quand toi, public, tu auras ce forfait, tu deviendras célèbre... A toi les chips à la terrasse du Martinez, à toi les tartines de caviar (qu'on mange à la louche... Le caviar, pas les tartines!), à toi les bimbos collées à ton smoking (d'où l'emploi de la couleur noire et du blanc dans l'affiche) qui te grifferont le torse et se traîneront à tes pieds de désir (oh, les p'tites coquines !!!).

Plus intéressant encore, le slogan "Vivez sans limite". Outre l'injonction classique à l'impératif, on voit bien le fantasme absolu du libéralisme s'exprimer ici en quelques mots. Vivre avec des limites est le propre même de toute société organisée. La règle est ce qui nous permet justement d'être libre. Sans règle, on en arrive à l'expression même de notre égocentrisme, et à la loi du plus fort. La limite, à partir du moment où elle est comprise et assimilée par l'individu, est un facteur de construction. Car si la limite peut nous frustrer dans un premier temps, elle nous permet de dépasser le stade du pur caprice, pour nous faire accéder à l'état d'adulte. Sauf que, pour être un bon petit consommateur, il faut, dans la logique publicitaire, ne pas supporter la moindre frustration et se comporter tel un enfant. Finalement, ce slogan est l'attitude exacte pour arriver à un désordre énorme qui ne pourrait être résolu, par les Princes qui nous gouvernent, que par un régime fort et sécuritaire...

Mais rassurez-vous, la publicité ne pouvant s'empêcher de mentir et de manipuler, se dépêche de préciser une foule de limites illisibles et péniblement compréhensibles, en tout petits caractères... Et ça n'est pas sans rappeler ce que faisaient les cochons dans la Ferme des animaux, toujours de Orwell, avec leur prise de pouvoir et la réécriture d'un des commandements censé donner l'égalité à tous ("Tous les animaux sont égaux Mais certains plus que d'autres").

Je vais finir par croire que certains de nos amis publicitaires sont lettrés... Vous allez voir, un jour, je vais même finir par dire que, finalement, il existe des publicités qui sont pas mal... Et que notre ami Le Petit NicolaSS ne dit pas que des bêtises...

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Commentaires
A
c'est aussi le mot « agence », dans Agence France Telecom, qui est intéressant...<br /> Cela fait tout de suite sérieux et respectable.<br /> <br /> sauf bien entendu si l'on songe aux "agences de filles", du bon vieux temps où les maisons closes...étaient ouvertes...<br /> <br /> ... il avait entretenu des filles déjà célèbres et contribué à la fortune de ces agences qui fournissent, moyennant salaire, des plaisirs contestables; ...<br /> J.-K. Huysmans, A rebours, 1884, p. 9
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