Un excellent article D'Owen
Une fois de plus, notre prince qui nous gouverne, Nicolas 1er, à travers Emmanuelle Mignon, sa directrice de cabinet, adopte une attitude extrêmement ambiguë vis-à-vis de l'Église de la Scientologie. Owen, sur son blogue, avait écrit un excellent article à propos de Ron Hubbard. Je vous le livre tel quel.
Ron Hubbard, dianétique et scientologie
Est-il encore besoin de répéter qu’il faut se méfier des sectes et de leurs
méthodes insidieuses ? Il existe une abondante littérature sur ce sujet.
Pourtant, nombres d’entres elles sont encore florissantes à notre époque,
recueillant en leurs seins des âmes égarées en quête d’un sens à leur vie.
L’une d’entre elles, la scientologie, est tristement célèbre, de par son
histoire mouvementée, ses ramifications partout dans le monde et le crédit que
leurs apportent certaines stars comme John Travolta ou Tom Cruise. Pour en
savoir un peu plus sur le sujet, je vous invite à plonger dans ses origines au
travers de la vie de son génial créateur L. Ron Hubbard.
*** L.Ron Hubbard, la version de la scientologie
Le jeune Ron était un enfant prodige, né dans une famille aristocratique très
ancienne. Il était très courageux, un peu justicier et fut un glorieux héros au
cours de la seconde guerre mondiale. Brillant étudiant, il participa à de
nombreux voyages et expéditions scientifiques. Il était également un écrivain
de génie, très productif, et un scénariste dont « Hollywood se souviendrait »
*** L.Ron Hubbard, la version alternative
« Disons que 99% de ce que mon père a écrit sur sa propre vie est faux. » Ces
paroles d’un des fils de L. Ron Hubbard sont assez représentatives du
personnage. Il a passé sa vie à rouler le monde, à tricher en affaire et à
esquiver des poursuites judiciaires. A côté de lui, le personnage de ‘Catch me
if you can’ fait figure d’enfant de cœur. « Depuis plus de 30 ans, l’église de
scientologie s’évertue à promouvoir l’image de L. Ron Hubbard, son fondateur,
sous les traits d’un audacieux découvreur doublé d’un philosophe inspiré. (…)
Le plus risible, dans cette imposture, c’est que la véritable histoire de Ron
Hubbard est infiniment plus extravagante et plus invraisemblable que le plus
éhonté de ces mensonges. » En fait, dès le début, Ron Hubbard était un
mégalo-mythomane qui entretenait des rapports assez fantaisistes avec la
réalité. Il possédait néanmoins une imagination hors du commun. C’était un
conteur né, un baratineur de talent, capable de passionner et convaincre son
auditoire.
Enfant d’origine modeste, il était considéré comme plutôt lâche mais
incroyablement vantard et bonimenteur. Bien qu’ayant pas mal voyagé (en
touriste), le jeune Ron ne semblait pas particulièrement brillant dans ses
études. Il fut refusé à l’académie navale et échoue lamentablement à
l’université. Il se lance alors dans la carrière d’écrivain de science fiction,
il commença en écrivant des romans de gares et terminera par des gigantesques
sagas futuristes (par exemple, Battlefield Earth, adapté au cinéma il y a
quelques années avec … John Travolta).
Adulte, Ron Hubbard ressemble étrangement à Monsieur Reilly, le héros de ‘La
conjuration des imbéciles’, trapu, roux, il parle trop et s’invente une vie. Il
passe souvent les bornes, franchissant allégrement les limites du ridicule,
comme en témoigne un dialogue entre Ron Hubbard et un dénommé Gruber :
- « Au fait, Ron, vous avez bien 84 ans, n’est-ce pas ?
- Qu’est-ce que ça veut dire ? s’enquit Ron sèchement. »
Gruber brandit le calepin sur lequel il avait pris des notes au cours de la
soirée :
- « Voyons : vous dites avoir passé 7 ans chez les Marines, avoir été 6 ans
ingénieur civil, être resté 4 ans au Brésil, 3 en Afrique, avoir tourné 6 ans
avec votre équipe de voltige aérienne – et j’en passe … Si on additionne, cela
donne 84. »
Escroc à la petite semaine, Ron rêve de grandeur : « Dieu devait se sentir
sarcastique quand Il a crée l’Univers. Il faut qu’un homme se dresse tous les
quelques siècles pour Lui faire ravaler son rire » ou encore plus révélateur :
«Hubbard était manifestement un imposteur et un mythomane – mais pas un
imbécile, loin de là : il avait l’esprit vif, un réel don de conteur et il
était capable de charmer n’importe qui… (…) Il était toujours fauché et
essayait d’emprunter de l’argent à tout le monde… Quand nous parlions de ses
problèmes d’argent, il disait souvent que le moyen le plus facile d’en gagner
consistait à fonder une religion. »
*** La dianétique
Son destin va bousculer avec la sortie de son premier succès commercial : le
livre ‘La dianétique : la science moderne de la santé mentale’. Basé sur des
expérimentations imaginaires, cette nouvelle science promet par des méthodes
simples de guérir toutes les maladies mentales non liées à des lésions. La
dianétique arrive au bon moment et devient une phénomène de mode : « Le début
des années 50 était le moment idéal pour lancer la dianétique. L’explosion de
la bombe atomique, la terreur d’une guerre nucléaire provoquait une atmosphère
de désespoir… Là dessus, Hubbard est arrivé en disant que si nous parvenions à
améliorer un peu la santé mentale des hommes, le problème serait résolu. Ce
n’est donc pas étonnant que les gens aient eu envie de l’écouter. »
Au delà du phénomène de mode, les critiques commençaient à fuser. Selon les
scientifiques, la dianétique n’était « qu’une mouture ultra-simpliste de
psychothérapie ordinaire épicée d’une dose d’hypnose. May se demandait si
l’auteur ne se moquait pas du monde, car on cherchait en vain des critères
scientifiques à l’appui de ses théories saugrenues. Des livres comme celui-ci
sont nocifs tant par les promesses illusoires qu’ils font miroiter aux
personnes désemparées que par leur simplification abusive des problèmes
psychologiques. »
*** La scientologie
Sentant le vent tourner, Hubbard passa à une étape supérieure : la
scientologie, née des ruines fumantes de la dianétique. La scientologie étant
un prolongement logique de la dianétique : elle permettait de s’occuper de
l’esprit après avoir pris soin du corps. Les fondements de la scientologie sont
dignes d’un des plus mauvais livre de science fiction de Ron Hubbard : elle
gravite autour de l’idée que « le véritable moi de l’individu était une entité
immortelle, omnisciente et omnipotente, à laquelle Hubbard donnait le nom de
Thétan. Préexistants au commencement des temps, les Thétans occupaient et
rejetaient des millions de corps humains depuis des milliards d’années. Manipulant
l’univers pour leur plaisir, ils s’étaient pris à leur propre jeu au point d’en
arriver à se croire rien de plus que le corps qu’ils habitaient. La
scientologie se donnait pour but de rétablir les capacités du Thétan de chaque
être humain à son niveau d’origine, celui de Thétan Opérant, ou ‘OT’. »
Vous pouviez dès lors, revivre vos vies antérieures (jusqu’à des vies avant
l’existence de l’homme, les tristes angoisses d’un bivalve par exemple), et ne
plus être limité par votre corps. Ces techniques mènent logiquement à
l’immortalité puisqu’il vous suffit de retrouver un réceptacle pour votre
Thétan après votre mort. D’autre part, un ‘OT’ est à l’abri de toutes les
maladies puisque capable de parfaitement maîtriser son corps.
C’est sur ces bases, quelques peu bancales, que s’est installé ce qui allait
devenir une des sectes les plus puissantes de tous les temps. De science, la
scientologie allait devenir une véritable religion : « La scientologie adoptait
les caractères d’une secte religieuse, qui offre le salut à ses fidèles grâce à
des connaissances secrètes dont le chef détient le monopole. (…) La loyauté
aveugle qu’inspirait Hubbard à ses fidèles procédait d’un véritable lavage de
cerveau. Depuis la guerre, la scientologie prospérait dans un contexte d’instabilité
et de contestation où les jeunes, qui cherchaient à donner un sens à leur
existence, étaient en quête de nouvelles croyances auxquels adhérer et de
nouvelles structures auxquelles s’intégrer. » Ron Hubbard répondait à toutes
leurs attentes. Il ne promettait rien de moins que la réponse à nos origines,
la vie éternelle, tous les grands secrets de l’univers, un monde en paix
dépourvu de maladie. L’absurdité évidente de ces réponses ne semblait pas
déranger les adeptes.
*** L’église de scientologie
L’église de scientologie se structure et devient une inépuisable source de
revenu pour son gourou qui peut ainsi donner libre cours à ses délires
mégalomaniaques les plus fous. Il apparaît rapidement chez Ron des indices de
graves problèmes psychiatriques : paranoïa, schizophrénie, mythomanie maladive,
sadisme, cruauté, une grave difficulté à faire la différence entre ses
mensonges et la réalité.
Face à la critique, l’église de scientologie se pose en martyr, exacerbant les
délires de persécutions de Hubbard. Il se met alors en tête d’échapper au
gouvernement qui le pourchasse et entreprend une vie de nomade sur terre et en
mer. Au cours de ces pérégrinations, Hubbard délire de plus en plus. Il prétend
par exemple avoir visité le paradis il y a plusieurs milliards d’années et en
donne une vision plutôt saugrenue. Il devient également de plus en plus
despotique et cruel avec son entourage. Il instaure divers régimes
disciplinaires avilissant. A la fin de sa vie, délirant, déprimé, couvert d’or,
Ron Hubbard vit entouré par une garde rapprochée, les messagères, des petites
filles en débardeur et mini short, complètements endoctrinées. L’œuvre de sa
vie, l’église de scientologie, est devenu un véritable monstre. Exploitant de
nombreuses personnes, ayant des ramifications dans tous les milieux politiques
et gouvernementaux. On se souviendra, par exemple, de l’opération blanche
neige. Celle-ci consistait à investir les organisations gouvernementales
américaines (par exemple, l’IRS) pour détruire tous les documents susceptibles
de porter atteinte à l’église ou à son représentant. Cette gigantesque
conspiration a finalement été démantelée par le FBI suite à la trahison d’un
des membres de l’église, mais bien trop tard. La toute puissance de l’église
est assurée par des méthodes de désinformations, de discrédit. Ils possèdent
des réseaux d’informations qui recherchent des éléments compromettant
permettant de faire chanter les personnes qui les dérangent. Les exactions de
l’église entraîneront la mort de plusieurs personnes, dont le propre fils de
Hubbard. La disparition de L. Ron Hubbard en 1986 à l’âge de 74 ans n’a
malheureusement pas sonné le glas de la secte et les successeurs du gourou
n’ont rien à lui envier.
*** Conclusion
La vie de L. Ron Hubbard, c’est l’histoire d’un clown qui se transforme en
ogre. « A la fois Charlot et Hitler », il a eu un destin extraordinaire et est
certainement le « plus impudent et le plus pittoresque des escrocs de ce
siècle. » Mais son bébé, l’église de scientologie, se porte on ne peut mieux.
Alors, restez vigilant !
*** Pour en savoir plus
Je ne saurais trop vous conseiller la lecture de ‘Ron Hubbard. Le gourou
démasqué’, une biographie non autorisée du journaliste Russel Miller (dont sont
extraites les citations ci-dessus). Il s’agit d’une reconstitution fascinante,
bien écrite, et qui a nécessité plusieurs années d’enquête à haut risque. Cela
se lit comme un roman d’aventure. « Un livre qui commence comme un thriller et
qu’on referme le dos glacé ». Le destin d’un homme hors du commun et qui semble
si formidable qu’il ferait sourire la plus crédule des scénaristes. Cette
biographie diverge autant que possible de la version romancée et très imagée
proposées aux adeptes par les biographes officiels de la secte. La méthode de
l’auteur est subtile puisqu’il tourne en dérision la mythologie absurde qui
entoure Ron Hubbard en confrontant la version scientologie aux faits provenant
d’enquêtes administratives, des recherches dans les journaux et de nombreux
témoignages.
Retrouvez Owen sur son blogue : www.owen.monblogue.com