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7 décembre 2006

De l'art d'être conservateur

Disons-le tout net : il n'est pas évident d'être de droite. On croit, à tort, que seul l'Homme de gauche souffre, en voyant à quel point le libéralisme sauvage (c'est un pléonasme... puisque le libéralisme ne peut guère être autre chose... Mais je m'égare...) dévaste l'environnement (au sens écologique du terme, bien sûr, mais aussi, dans le sens d'environnement social, culturel, intellectuel des individus). On oublie la souffrance de l'Homme de droite, et ce n'est pas très juste, ni très charitable.

Oui, mes amis, l'Homme de droite souffre. Il souffre, car, depuis 1981 en France, il a pris conscience qu'il pouvait ne plus être au pouvoir, ne plus être majoritaire. L'Homme de droite souffre, car il se sent cerné par la décadence rampante qui l'entoure, décadence qui s'affiche jusque dans son poste de télévision, avec l'omniprésence de gens colorés et basanés partout.

L'Homme de droite souffre, car il est intimement persuadé d'avoir accès à la bonne parole (parfois, c'est même celle de Dieu en personne), et, dans le même temps, il est effaré du peu de crédit qu'il a.

Chaque jour, l'Homme de droite est raillé, trainé dans la boue.

Et surtout, surtout, l'Homme de droite est bien souvent pris en otage par d'affreux grévistes, manipulés par d'horribles syndicats (quel mot répugnant et dégoûtant...), et ça, c'est insupportable.

Alors, l'Homme de droite se met à rêver à un monde meilleur, un monde à l'ancienne, où les travailleurs seraient à nouveau entièrement soumis à leur bon et vénéré patron (Oh qu'il est bon et gentil le patron !... Oh, oui, mon patron, que vous êtes bon avec le misérable vermicelle putride que je suis !...).

Et bien, peuple de droite, ce monde existe ! Réveillez-vous les damnés de la terre Sarkozyenne ! Et c'est la merveilleuse, que dis-je, l'extraordinaire, la sublimissime revue Capital du mois de décembre (2,70 euros, l'une ; 27 euros les dix) qui s'en fait l'écho. Ce monde merveilleux, que dis-je, cette utopie, ce pays de Cocagne est réel, et ce monde semble s'appeler le Japon :

"LE GRAND RETOUR DU JAPON

Le croyait-on enlisé dans la crise, l'empire du soleil levant ? C'était mal le connaître ! Après dix ans de sacrifices et grâce à des réformes audacieuses, dont la France pourrait bien s'inspirer, le voilà à nouveau debout."

ça, c'est juste la mise en bouche, l'apéritif, le chapeau. Il faut noter, Homme de droite, le subtil message sur le fait que la France ferait bien de faire pareil...

Bon, alors, je résume un peu (parce que l'article est long). On nous explique donc, que tout allait mal au Japon. Tout foutait le camp, tout partait en eau de boudin (comme chez nous, Homme de droite, comme chez nous...).

"Mais comment diable les Japonais s'y sont pris pour régler son compte à leur tracassin ? Très simple : plutôt que de pleurer sur leur sort, comme savent si bien le faire les Français, ils n'ont pas hésité à flanquer par terre certaines de leurs traditions économiques les plus ancrées. [...]

Les entreprises [...] pressurées par la concurence chinoise, affaiblies par des coûts de production trop élevés, [...] ont commencé par donner un grand coup de sabre dans leur pacte social. Comme partout ailleurs, en effet, il leur a fallu fermer des filiales, mettre les sous-traitants au régime sec et délocaliser une partie de leur production. Or, les plus grandes d'entre elles garantissaient depuis toujours l'emploi à vie à leurs travailleurs. Elles n'ont donc eu d'autres solutions que de dynamiter sans états d'âme ce système trop généreux. [...]

Par quel miracle les Japonais ont-ils pu conduire cette révolution de velours sans aucun trouble, alors que le moindre projet de CPE fait descendre des milliers de personnes sur les pavés français ? D'abord, dans un pays où faire la grève consiste à travailler avec un brassard noir, les syndicats comptent pratiquement pour du beurre "Vous savez, on ne leur demande jamais leur avis !" sourit Jules Irrmann, de la Mission économique française de Tokyo. [...] Enfin, au pays des kamikazes, les travailleurs ont un sens inné du sacrifice. "Quand un employeur leur présente une lettre de démission, ils la signent ne général sans rien dire." reconnaît Kazuya Ogura, notre spécialiste du marché du travail [...]"

Voilà, Homme de droite, ceci est pour toi, cette chronique toute entière t'es dédiée, parce que je sais que tu souffres. Et bien saches que ton mal-être est dû aux gauchistes syndicalistes qui osent placer l'intérêt de la personne, et de son bien-être, largement au dessus du sacro-saint Marché. Et les solutions sont là, mon ami. Plus besoin de chercher des idées : les Japonais ont trouvé. Il n'y a plus qu'à se servir, et à copier. Au passage, tu remercieras Sandrine Trouvelot, la délicate journaliste objective auteure de cet article.

Oui, Homme de droite, cours vite te procurer le Capital du mois de décembre (2,70 euros l'un ; 270 euros les cents) pour te goinfrer à la lecture de ce somptueux organe. Ainsi, tu dormiras heureux ce soir. Quant à toi, Homme de gauche, tu peux maintenant éteindre ton ordinateur et aller vomir (tu t'es suffisemment retenu comme ça à la lecture de ces extraits de Capital... Mais reconnaîs que tu es un peu maso aussi, tu n'étais pas obligé non plus de te faire du mal comme ça... Si ?...).

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Commentaires
A
Merci !<br /> Merci du fond du coeur !<br /> Pour cette délicate attention vis à vis de ce délaissé, ce souffreteux homme de droite, dont personne ne prend suffisamment la défense.<br /> <br /> Soyons audacieux !<br /> Lançons le "Téléthonfricpourlui" pour financer une recherche efficace afin de rendre à l'homme de droite sa dignité bafouée par tous ces parasites sociaux, ces avantages mal-acquis, ces virus syndicaux, ces dégénérés qui croient encore en l'homme alors qu'il faut croire en l'Economie.<br /> Sélectionnons les embryons qui ont le gène du profit, celui de l'exploitation, celui du cynisme, et boustons tout ça par enrichissement chromosomique en injectant massivement de la malhonneteté.<br /> L'avenir est ouvert !! Homme de droite ! lève toi ! et marche sur la tête de ces salauds de pauvres !
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