De l'art de remaker à tout va...
S'il existe un mot galvaudé aujourd'hui, c'est bien le mot "Culte", mis à toutes les sauces. Avant même qu'une comédie insipide sorte, on peut "télécharger les phrases cultes" (pour 35 cts la minute hors coût de communication, hors forfait, hors ible, hors ti, hors nitaurique.. Bon, j'arrête...) Une musique molasse marche un brin ? Hop, magie, c'est une chanson culte. Et lorsqu'une série accède au rang de l'édition DVD (c'est-à-dire lorsqu'elle vient d'être diffusée sur une chaîne !), l'argument massue est balancé : la série est CULTE. Pourtant, le mot culte est un mot plutôt costaud et marque un fort attachement religieux à la chose... Prosternons-nous donc, spectateurs, devant la magie de notre bien-aimée télévision qui nous fait vivre tant de bonheur, et nous garantit des instants divins à grands coups de séries souvent photocopiées les unes sur les autres...
Pourtant, il existe des séries marquantes, incroyables, novatrices, pleines d'audaces, d'intelligence, avec de vrais scénarios. Le Prisonnier, de Patrick Mc Goohan, est, à mon goût, une série qui entre dans le très petit club des séries impressionnantes. Un homme, rattaché aux services secrets anglais, décide de démissionner. Lui seul en connaît la raison. Des individus le kidnappent et l'homme se retrouve dans un mystérieux village, au sein d'une communauté où chacun, y compris lui-même, est un numéro. Il est le numéro 6. Et le numéro 2 semble très intéressé par la raison de sa démission. Mais où se trouve le numéro 6 ? Quelle est cette île qui abrite le Village ? Et qui est cette communauté ? Où sont les alliés, où sont les traîtres ? Voilà les bases de cette série délirante de la fin des années 60, où la narration passe parfois au deuxième plan, au profit des atmosphères claustrophobiques et de l'étouffante parabole sur le totalitarisme sournois d'un gouvernement omniprésent, qui veut, à tout prix, contrôler les citoyens.
Pour les malchanceux qui ne connaissent pas encore cette série, voici un petit aperçu :
Mais voilà qu'Hollywood, avec leur grosse machine à fabriquer du vide, a décidé de remaker la chose. Malheureusement, une fois de plus, le remake donne surtout envie d'aller voir l'original (remarquez, c'était peut-être le but ?) Que reste-t-il de la série des années 70 ? Pas grand chose en définitive, et c'est peut-être le plus énervant... Trois décors, deux répliques, le tout ripoliné avec une jolie photo, et un scénario pseudo-alambiquée pour mieux cacher sa vacuité... Et le pire, c'est que le machin a dû coûter du fric.
Remaker, c'est apporter une vision neuve à une oeuvre, c'est la prolonger... Et certains ont remarquablement réussi : prenez le Psychose de Gus Van Sant, les Body Snatchers de Ferrara ou de Kaufman, le The Thing de Carpenter (mais si, il est bien ! Un peu caoutchouteux, mais bien... Et puis vous avez vu l'original ?), La Mouche de Cronenberg (mais si, il est bien ! Un peu années 80 les brushing de l'actrice, mais bien...), La colline a des yeux de Aja (bon, au vu du matériel original, ce n'était pas difficile de faire mieux, mais bon...). Mais évidemment, ces remakes ont des auteurs derrière eux... Et puis, ils se sont souvent (hormis Psychose) attaqués à des oeuvres imparfaites... Mais là... Le Prisonnier...
Qu'est-ce qui leur a pris ? Alors voilà ce que ça donne... Et notez, en passant, l'emploi HYPER original de la chanson CLUBBED TO DEATH, qu'on n'avait jamais entendu ailleurs (ou alors, sans faire gaffe...) :
Et si on capturait les auteurs de cette daube et qu'on les plongeait dans du goudron et des plumes ? C'est possible ? Remarquez, dans les prochains remakes de séries, on nous prévoit "Drôles de dames"... ça vous manquait, avouez...
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