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29 octobre 2009

De l'art de faire de l'écologisme de salon...

Depuis une petite poignée d'années, le discours écologique est enfin entré sur le devant de la scène politique. Il faut dire qu'aujourd'hui, il faudrait être d'une formidable mauvaise foi pour croire encore un seul instant que la planète est un bien inépuisable dont on peut disposer comme bon nous semble, sans aucune conséquence.
Il y a donc une urgence. Et petit à petit, la population mondiale, en traînant les pieds, reconnaît qu'on ne peut plus jouer à Carpe Diem...
Depuis une petite poignée d'années, le documentaire est enfin reconnu et bénéficie de plus gros moyens financiers, de sorties et de distributions nationales.
Cette année, le documentaire écolo est à la mode, puisqu'on a eu pas moins de trois gros blockbusters qui ont débarqué dans l'hexagone, à savoir Home de Yann-Arthus Bertrand, Le syndrome du Titanic de Nicolat Hulot, et de The Cove de Louie Psihoyos.

Dans les deux premiers, on nous montre, image à l'appui, que la terre souffre et que nous courons à la catastrophe en continuant ainsi. Dans The Cove, on dénonce un superbe trafic de dauphins dans une baie japonaise. Bande-annonces :

 

 

 

 

On ne peut qu'abonder dans le sens de ces trois documentaires, et à la vision de chacun des trois, on ressort écoeuré avec un vilain sentiment d'impuissance, entremêlé d'une envie de faire la révolution et/ou de foutre le feu à deux ou trois endroits...

Et pourtant, je n'arrive pas à adhérer pleinement à ces trois oeuvres. Et ce pour deux raisons principales :
- La première, c'est justement la trop grande beauté des images. Dans Home, par exemple, on se croirait, à chaque instant, dans un catalogue Nouvelles Frontières. Bien sûr, c'est un parti pris. On veut nous montrer que la Terre est belle et fragile... ça peut marcher avec certains... mais pas avec tout le monde. C'est un peu comme si je voulais faire de la prévention routière avec seulement de superbes images de routes, de voitures de collection et de familles heureuses en train de pique-niquer sur des aires d'autoroute, le tout sur de la musique qui dramatiserait mon propos...
- La seconde, ce sont les moyens qui ont servis à financer ces trois films. Deux des trois (Home et The Cove) sont des productions Europacorp, autrement dit des productions Besson. C'est le même Besson qui arrose la planète de films ineptes au discours souvent limite (légitimation de l'auto-défense, misogynie, racisme ordinaire, discours anti-flics et anti-gouvernement, valorisation de l'individu au détriment du collectif...). Quant au Syndrome du Titanic, c'est, entre autre, TF1 qui s'y colle, la même chaîne privée qui veut libérer de la place dans notre cerveau pour y vendre du Coca Cola, comme nous le disait sincèrement, voici quelques années, un de ses dirigeants. Il y a là, il me semble, une certaine ambiguïté gênante.
Car, dans ces trois cas, les productions donnent l'impression de s'acheter une conduite...

Si ces trois documentaires alarmistes sont produits et distribués, c'est peut-être parce qu'il y a des gens sincères dans ces sociétés... C'est peut-être aussi parce que ces groupes de production et de financiers savent pertinemment qu'ils ont tout à gagner et pas grand chose à perdre dans tout ça. Ces films ont le rôle du bouffon qui peut tout dire au roi, mais qui ne change guère la conduite du monarque.

Alors, bien sûr, ces films sont mieux que rien du tout. Peut-être qu'après tout, je suis blasé ou déjà convaincu et que j'attends beaucoup plus. Possible... N'empêche que les trois films évitent soigneusement de pointer le véritable ennemi, à savoir la société de consommation et le libéralisme. Mais le peuvent-ils ? Peuvent-ils réellement cracher sur la publicité et ses conséquences délétères à tout point de vue ? Mord-t-on si facilement la main de celui qui nous nourrit ? Le point le plus ennuyeux du discours écolo, c'est qu'on ne peut pas sérieusement soutenir la société de consommation, et qu'il n'y a aucune demi-mesure... Imaginer un seul instant qu'il suffira de recycler trois déchets et de mettre des ampoules basse consommation pour sauver la planète relève de la douce illusion. Mais ça, évidemment, c'est délicat à affirmer quand on est financé par la publicité (le générique de Home, où des dizaines de marques se rassemblent afin de former le mot HOME, est sur ce point très parlant !)

L'ennemi de la planète c'est avant tout ce système économique suicidaire qui ne vise qu'à l'enrichissement personnel et à la domination à court terme, quelles que soient les conséquences humaines et écologiques. Mais, c'est sûr que, dit comme ça, c'est moins émouvant qu'un dauphin qui se vide de son sang dans des filets... Et ça a moins de chances de passer au 20 heures de TF1...

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