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26 mai 2008

De l'art de torturer les gens...

sawEn 2005 sortait sur les écrans le film de James Wan. Petit rappel : un homme se réveillait enchaîné dans une salle de bain crasseuse. Il découvrait alors, à terre, un cadavre et un autre homme, avec des chaînes aux pieds. Tout l'art de ce film, véritable huis clos, consistait à nous faire découvrir, pas à pas, le pourquoi de l'enfermement de notre homme. Pour l'aider, et par là même, pour nous aider à comprendre, un serial killer, surnommé Jigsaw, guidait notre homme et le torturait à loisir, physiquement et moralement.

Le but de ce serial killer était de faire prendre conscience à ses victimes la véritable valeur de la vie en leur imposant moult épreuves répugnantes où les amputations prenaient une grande place...

Véritable claque cinématographique, le film secouait le cocotier et renouait avec une véritable tradition de films d'horreur sans concession et sans humour des années 70.

Pourtant, le pitch de Saw n'était pas si novateur que ça... En effet, en 2001, Michel Leray tournait un petit court-métrage de 9 minutes intitulé "Pâques Man", qu'on retrouve sur le DVD n°1 de l'anthologie de l'étrange festival. dvdetrange_intro

L'histoire raconte l'enlèvement de M. Cadoeuf qui fabrique des oeufs Kinder et qui a été responsable de la mort de la petite fille d'un homme. Pour se venger, donc, le père de famille enferme M. Cadoeuf dans une salle de bain, et laisse 3 minutes 30 à notre chef d'entreprise pour sortir de la pièce avant que tout explose. Pour cela, notre directeur doit, à l'aide d'un scalpel, s'ouvrir le corps afin de dénicher des oeufs, dont l'un contient la clef qui lui permettra de sortir de la salle de bain.

Même pitch, même décor, même ambiance, on ne peut croire à une simple coïncidence. Néanmoins, James Wan est parvenu, avec, entre autre, une excellente photographie, à insuffler à son oeuvre une véritable atmosphère. Saw est donc un plagiat, mais, un plagiat qui dépasse, et de loin, son prédécesseur.

Malheureusement pour James Wan, son film a eu du succès. Et donc, voyant les mannes du dieu dollar s'ouvrir, les producteurs ont senti la bonne franchise. Chaque année, depuis maintenant quatre ans, aux alentours d'Halloween, voici donc que débarque un nouveau Saw.

Et là, tout se gâte... Car, plus on avance, plus cette licence devient ridicule. Si le premier épisode de la saga était loin d'être réaliste, on pouvait néanmoins prendre un certain plaisir à savourer le spectacle. Ce n'est plus le cas ensuite. Chaque épisode devant faire mieux que le précédent, on en rajoute dans le gore inutile et stupide, et surtout, on s'aperçoit que le tueur devient l'équivalent d'un Dieu ancien, capable de tout anticiper, y compris la réaction d'une dizaine de personnages différents. Mieux, même mort, il peut continuer à sévir.

Bon, bien sûr, c'était déjà le cas depuis longtemps dans le cinéma d'horreur. Jason par exemple, dans Vendredi 13, devenait un mort-vivant dès le n°6, ce qui résout tous les problèmes. Mais là où Vendredi 13 assumait son crétinisme débordant, avec des scénarios tenant sur des timbres-poste, et des personnages caricaturaux, tout juste bon à être découpés à la machette ou à la débroussailleuse, Saw se couvre d'une aura pseudo intellectuelle, pour faire croire que les scénarios sont hyper travaillés.

Pourtant, lorsqu'on assiste au déplorable spectacle de l'opus 4, on ne peut qu'être affligé du résultat : lumière laide, sadisme idiot, personnages inintéressants voulant faire croire qu'ils réfléchissent, clins d'oeil appuyés aux épisodes précédents avec flash-back incompréhensibles, caméra épileptique, montage clipesque et lieux communs en pagaille (la maison en travaux avec des bâches en plastique derrière lesquelles se cache le méchant, interrogatoire d'un suspect avec ordre de couper la clim pour lui mettre la pression...), scénario prétendument compliqué (sûrement pour faire croire à sa grande subtilité) avec un vague effet de surprise final dont on se fout éperdument. Et les producteurs ne manquant pas d'humour ont déjà mis en place Saw 5 et Saw 6 (!)... Vivement qu'ils tournent Saw 7 (qui n'arrêtent pas de descendre, et qu'il faut tout le temps remonter... Je vous laisse le temps de savourer ce subtil jeu de mots...), Saw Litude (où le serial killer aime se faire fouetter par les embruns au bord d'une falaise), Saw Périlleux (où il travaille dans un cirque) et Saw Malie (où l'action se passe en Afrique)...

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