De l'art de jouer avec les symboles
En cette somptueuse période de Nouwëlle, le calendrier de l'avent de Monsieur Sarkozy marche à fond : chaque jour, on ouvre une petite fenêtre et hop, magie, on a une nouvelle information dont notre Altesse Sérénissime est le héros.
La semaine dernière, notre Grand Maître à tous avait trouvé malin d'inviter un bon dictateur bien crado. On s'était dit, naïvement, qu'il nous ficherait la paix jusqu'à aujourd'hui... Fous que nous sommes... Et nous avons cru bon d'ouvrir les petites cases du week-end de notre calendrier sans nous méfier...
Notre Grand Ponte a une nouvelle petite amie ! Elle s'appelle Carla Bruni, c'est un ancien mannequin reconverti chanteuse, et le couple a passé une partie de son samedi à Disneyland Paris...
Que tirer de tout ça ? Beaucoup plus que ce que nous diront nos journaux, à coup sûr... Parce qu'on aurait tort de ne pas décortiquer cette information, beaucoup moins anodine que ce qu'il y paraît de prime abord.
Bien sûr que cette information tombe évidemment pile au bon moment pour faire oublier les affres de la semaine dernière de notre Sark Vadorounet préféré. Mais si on s'arrêtait là, dans notre analyse, on louperait beaucoup d'autres points. Et principalement celui-ci : cette information relève de la plus haute propagande libéraliste, qui aime avant tout nous monter ce qui est bon pour nous et ce qu'il faut faire. Vous êtes sceptique ? Laissez-moi vous convaincre :
1- Carla Bruni est un ancien mannequin. Le mannequin est quelqu'un dont le métier joue sur l'apparence. Tout repose sur le paraître. On est dans le maintien. Voilà un métier qui reflète parfaitement la manière de travailler de notre président : tout est apparat. Il ne vit que dans le regard des autres, sous les flashes des photographes.
2- Une fois de plus, la frontière entre la vie publique et la vie privée est gommée. Nous savons tout sur les histoires de notre dirigeant. On a franchi un pas définitif. La télé-réalité et Big Brother sont passés par là. Le message est clair : si le premier Homme n'a plus de vie privée, pourquoi en aurions-nous une ? Il sacrifie sa vie privé au profit de son travail, nous devons donc faire de même...
3- Pourquoi Disneyland Paris ? Parce honnêtement, pour une relation naissante, il est tout de même plus agréable de passer son week-end sous la couette, à faire l'amour et à mater des DVD... Certes... Mais il fallait un lieu où on puisse les voir... Alors, pourquoi pas les Champs Elysées ? ou le Fouquet's tiens ? ou la Tour Eiffel (le troisième étage... C'est bon ça, coco, pour les photos !!!). Certes, certes... Mais, ici encore, on joue sur les symboles. Et que représente Disney ?
- Disney, c'est le monde de l'enfance. Plus de soucis ! Régressons gaiement ! Ne nous occupons donc de rien ! Consommons sans compter ! Faisons parler uniquement nos instincts ! Ne nous prenons pas la tête ! Les princes qui nous gouvernent prendrons les bonnes décisions... Dormez tranquille ! Et nous de nous laisser hypnotiser comme Mowgli face à Kaa le serpent, dans Le livre de la jungle.
- Disney, c'est le monde libéral dans toute sa splendeur, c'est le Modèle Etatsuniens : côté pile, tout va bien, tout est propre. Pas un seul papier ne traîne. Tout le monde est heureux. Côté face, le grand Picsou règne. Les syndicats sont laminés, le droit de grève piétiné, les conditions de travail extensibles et les ouvriers flexibles. sans oublier que Disneyland, c'est aussi la réalité du travail le dimanche... et, comme par hasard, on en parle en ce moment... Coïncidence, sans doute... Finalement, Disney, c'est une relecture du code du Travail, c'est le rêve d'une France de demain...
Vous voyez, ça valait le coup de s'arrêter cinq minutes sur cette information, qui dépasse largement la simple info people... Décrypter, c'est déjà un début. L'hydre Sarkozy veille à nous bombarder d'informations quotidiennes. Soyons vigilants. Gardons notre esprit critique. Et continuons de résister, sans nous lasser.