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8 avril 2007

Hard candy, de David Slade

hard_candy

Il est des films qui laissent septiques. "Hard Candy" de David Slade en fait partie. L'histoire tient en quelques mots. Hayley, jeune fille de 14 ans, séduit Jeff un homme de 32 ans par internet. Ils se donnent un rendez-vous, se retrouvent dans un café. Puis, tout s'enchaîne et Hayley se retrouve chez Jeff. Ils boivent un coup, puis un autre. Il est photographe et semble fasciné par les adolescentes. Et puis, tandis qu'elle pose pour lui, devant son appareil, il éprouve des vertiges et s'évanouit. Lorsque Jeff se réveille, il est attaché sur une chaise. Face à lui, Hayley, qui est persuadée d'avoir affaire à un pédophile responsable de la disparition récente d'une jeune fille. Et qui est prête à opérer Jeff pour le castrer.

Véritable huis-clos, le film repose donc sur le duel d'acteur Patrick Wilson (Jeff) et Ellen Page (Hayley). Si on ne peut qu'être impressionné par l'excellente performance de ce duo (avec, bien sûr, un petite préférence pour l'actrice), on est tout de même saisi par un léger malaise assez rapidement. Deux raisons à cela : d'abord parce que le film s'inspire tout de même très clairement de "La jeune fille et la mort" de Roman Polansky (le réalisateur est d'ailleurs cité explicitement dans les dialogues). Dans ce dernier, une femme, qui a fuit la dictature de son pays (jouée par la formidable Sigourney Weaver) se retrouve confrontée à celui qu'elle croit être un militaire qui l'avait torturée quelques année auparavant. Elle est en effet persuadée de reconnaître la voix et le rire de l'homme, le docteur Miranda, venu raccompagné son mari tombé en panne.

la_jeune_fille_et_la_mort

Malheureusement, là où le film de Polansky laissait planer jusqu'au bout une terrible ambiguïté (on ne sait jamais si le docteur Miranda est, ou non, celui que Sigourney Weaver semble reconnaître) et s'interroge donc sur la légitimité de la violence, et sur les dangers d'une justice expéditive, le film de David Slade lève très vite le doute : Jeff est effectivement un pédophile, responsable, de près ou de loin, de la mort d'au moins une adolescente, et Hayley est donc une justicière, aux manières extrémistes, certes, mais, elle reste une justicière.

La deuxième raison du malaise est donc là : très vite, le film oriente nos sentiments. Et dès qu'on comprend que la victime, Jeff, a été un bourreau, l'empathie ne joue plus et on cautionne plus ou moins les actes de Hayley.

La pédophilie est un sujet délicat qui mérite beaucoup d'intelligence et de savoir-faire. Il faut, pour en parler, enlever tout pathos, et tenter de rester dans la raison. En cela "Mysterious Skin", de Gregg Akari, s'en sortait haut la main.

On gardera donc en mémoire, pour le film de David Slade, les deux formidables acteurs, la très belle photographie et l'installation plutôt réussie d'une atmosphère oppressante.  On  évitera, en revanche, de trop se pencher sur le message très discutable d'une justice humaine reposant sur la loi du Talion.

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