De l'art d'accepter
Début des années 90. Bruno Mégret, alors membre du Front National, nous sort ses cinquante propositions. Parmi ce patchwork glauque au remugle de décharge, on trouve la création d'un ministère de l'immigration et de identité nationale, avec tout ce que ça sous-entend derrière. Tollé dans la presse, tollé du côté des politiques... L'extrême droite est à rejeter ! 17 ans plus tard, notre Sinistre de l'intérieur, Sark Vador, dévoré de l'envie de devenir un prince gouvernant, ressort cette idée du placard nauséabond dans lequel elle était. L'indignation, en face, est encore là, mais, elle est moindre...
Début des années 2000. W. Bush lance une offensive en Irak. Tout cela est présenté comme une ballade de santé, d'à peine quelques jours. Tollé dans le monde. Les manifestations se multiplient, les drapeaux "Pace" envahissent nos balcons. 4 ans plus tard, on en est à 150000 morts irakiens et à 3000 morts étasuniens. Le pays est au bord de la guerre civile. On s'indigne, bien sûr, mais, tout de même, moins...
C'est peut-être ça le plus frappant, c'est qu'on s'habitue à l'horreur. Et ce malgré nous. C'est insidieux, on se dit d'abord que, non, jamais, pas nous... N'empêche que ça finit tout de même par nous rattraper.
Pas de culpabilité dans tout ça, juste un constat. On est efficace dans l'action courte, pas dans la longueur, parce qu'on se lasse, parce qu'on s'use, parce qu'on s'émousse. Alors, il ne faut jamais oublier de passer la main de temps en temps, de souffler. Passer le témoin, dans tous les sens du terme...
Refuser l'inacceptable, c'est aussi ce qui fait de nous des êtres humains. Et même si cet inacceptable côtoient l'inimaginable, il faut systématiquement garder un oeil vigilant sur les princes qui nous gouvernent et sur ceux qui y aspirent tant. Parce qu'ils ont aussi nos vies et celles de ceux qu'on aime entre leurs mains.