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27 février 2007

De l'art d'être un grand maître zen

Je fais partie de cette génération bercée par la (molle) série Kung-Fu avec David Caradine. A l'époque, j'étais petit (encore) et j'étais impressionné. En gros, c'était l'histoire d'un chinois (David Caradine, donc), qui se baladait dans l'ouest sauvage où on trouvait des cow-boys qui sentaient l'homme, le vrai, pas comme dans Brokeback Mountain, où les garçons vachers sont tout juste foutus de s'aimer sous la tente, tout en jouant de l'harmonica, en bouffant des fayots et en gardant trois moutons, mais c'est une autre histoire.

ça sentait l'homme, le vrai, donc, et, croyez-moi, à l'époque, on ne rigolait pas, ou alors si... Quand on trouvait des chinois qu'on pouvait recouvrir de goudrons et de plumes, et là, c'était drôle. Sauf que David Caradine est un expert en Kung-Fu (enfin, expert... mais bon, passons...). A chaque fois qu'un péquenot s'attaquait à lui, David avait une réminiscence, sous forme de flash-back, avec image qui se brouille à l'écran et petite musique. Bon, bien sûr, le flash-back durait plusieurs minutes, mais en fait, pour David, ça ne durait qu'une fraction de seconde (parce que sinon, bien sûr, les méchants lui auraient fait la peau...).

Dans le souvenir, David s'appelait Petit Scarabée, et il vivait dans un vieux temple. C'était son enfance, pas super drôle, bien austère, d'autant qu'il était régulièrement tancé vertement (notez la richesse du vocabulaire de ce post... Vous avez vu ?) par son vieux maître aveugle, mais super fortiche, et qui avait réponse à tout. Et c'est là que je voulais en venir...

Je me suis toujours méfié des vieux maîtres qui avaient réponse à tout. Qu'il pleuve, qu'il vente, quel que soit votre problème, le Vieux Maître (qui est plus rarement une vieille Maîtresse...) sait toujours quoi vous dire. Évidemment, sa réponse est toujours hyper cryptée, ce qui est encore plus agaçant : non seulement il sait quoi faire alors que vous galérez depuis un moment, mais en plus, il n'est pas capable de vous parler clairement. Petit florilège de réponses possibles : "Lorsque la pluie trempe le sol, le chat reste à la maison" ; "Ouvrir une porte demande toujours la bonne clef" ou encore "si l'araignée a huit pattes, elle n'a jamais qu'une seule bite".

Le vieux maître prône toujours la tempérance, l'équilibre parfait. Il est pour la voie du milieu.

Si ça marche pour les vieux maîtres et dans les feuilletons des années 70, c'est tout de suite moins convaincant lorsqu'on a affaire à François Bayrou, notre candidat centriste pour les élections présidentielles prochaines. Son idée, pas très neuve, pas très fraîche, est de prendre les meilleures volontés, de tout bord, de droite comme de gauche, et de constituer une sorte de troisième voie, un gouvernement malin et sage.

Si cette manière de voir la politique est digne d'un vieux maître adepte du Bouddha (aux pommes), elle relève surtout d'une incroyable naïveté. Que ça plaise ou non, il existe de multiples manières de voir le monde. Il en est de plus ou moins conservatrices, de plus ou moins progressistes. Suivant nos positionnements politiques, on se rapproche de telle ou telle famille de pensée. On peut, bien sûr, si on doit travailler en équipe, faire quelques concessions, mais, à un moment, on arrive à un mur.

Il existe des manières de gauche d'envisager le monde. Il existe des manières de droite d'appréhender la politique. Et il y a un véritable fossé, qu'il faut justement conserver pour faire avancer les choses. C'est dans l'argumentation réelle qu'on y arrive, pas dans le consensus molasse.

N'en déplaise donc à notre candidat centriste, on ne peut construire un vrai projet de société avec des princes qui sont vaguement d'accords sur deux ou trois principes communs.

A moins qu'on veuille seulement créer une société de gestionnaires...

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