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3 juin 2006

De l'art de fabriquer du vent

la_malediction

En 1968, Polanski tournait l'excellentissime "Rosemary's baby", où une femme se retrouvait enceinte d'un enfant de Satan. En 1973, William Friedkin sortait "L'exorciste", où une jeune fille se retrouvait possédée par le diable (Si on ne peut que reconnaître l'impact cinématographique de "l'exorciste", force est de constater son vieillissement au bout de trente ans, particulièrement si on a la curiosité de voir la version longue du machin, où seule la scène de l'araignée, où la jeune fille descend, à l'envers et à quatre pattes, un escalier, le tout durant une dizaine de secondes, peut nous sortir de notre torpeur).

Suite au film de Polanski et de Friedkin (qui connut trois suites : l'inutile  et vaguement intello n°2 de Boorman, le n°3 assez ridicule, et le n°4, dont l'action se situe avant le n°1, carrément râté et hillarant), la mode du diable et de la possession battit son plein, et une quantité de films (souvent mauvais) sortit sur les écrans.

Ayant certainement vu ces deux classiques, Richard Donner, en 1976, tourna "La malédiction", sorte de mélange des deux films précités. Hormis une introduction plutôt réussie (avec une somptueuse décapitation opérée grâce au glissement d'une grande vitre à l'horizontale), le film est loin d'égaler ses deux modèles : il faut dire que l'enfant diabolique, nous, les spectateurs, on a tôt fait de le repérer : honnètement, votre enfant à une tâche de naissance en forme de 666, il fricotte avec un gros dogue noir, agressif et baveux, il y a des morts carrément suspectes autour de lui, il ne décroche jamais le moindre sourire, et il est pâle comme une endive... Vous n'avez pas de gros doutes, vous ? Et bien figurez-vous que les parents adoptifs du bambin mettent les trois quarts du film à comprendre...

Etant donné qu'Hollywood n'a guère d'idées originales, elle puise, depuis plusieurs années, ses synopsis dans le remake à outrance. On a alors le choix entre 1- la série qui sent le sapin des années 70 (Starsky et Hutch; Ma sorcière bien aimée; Mission Impossible; Les drôles de dames... A quand "La croisière s'amuse" ?!!!), 2- le bon vieux film d'horreur des familles, bien vidé, tout de même au passage, de tout sens politique (on obtient alors du pas trop mal : "L'armée des morts"; "Massacre à la tronçonneuse"...) 3- Le film d'horreur japonais (Allez, passons sur "Le cercle", qui se tient encore, pour vite oublier sa suite, ainsi que "Dark Water", et dans une moindre mesure, "The Grudge"...) et 4- le film d'horreur pas dément à la base (mais au regard de ses remakes, on se retrouve à les trouver carrément bons. Citons pour mémoire les récents "Amytiville" ou "Fog").

"La (nouvelle) Malédiction" devrait logiquement appartenir à la quatrième catégorie. Devait-on envisager le remake de ce film des années 70 ? Y avait-il une nécessité immense à repenser ce film ?

Je crains malheureusement, au vue de la date de sortie du machin (c'est-à-dire proche de l'été, moment des fameux Blockbusters, les films qui n'ont nullement besoin de notre cerveau entier pour les comprendre, et où seule une moelle épinière est nécessaire pour nous transporter jusqu'à la salle qui les projette), et à la probable vague interdiction aux moins de 12 ans collée à l'entrée des cinémas, que le film ne tienne pas franchement ses promesses, et ne fasse frémir que notre petite soeur de six ans et demi, et notre grand-mère fan de l'Inspecteur Derrick. Et je pense qu'on ne peut même pas espérer que ce film soit un vrai navet, comme Silent Hill (dont je vous avais parlé avec délectation... N'hésitez pas à revenir sur la chronique sur www.humeurdujour.monblogue.com). Non, "La malédiction" sera sans doute, un film lisse, avec ses trois sursauts et ses vagues effets numériques au rabais... Surtout que pour nous vendre le bidule, on nous dit que l'acteur qui avait le rôle de Damien dans l'original de 1976, a un rôle de figurant (Non ? Incroyable !!!), et que Mia Farrow, l'actrice principale de rosemary's baby (tiens, tiens...), joue le rôle d'une nurse diabolique... Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour pouvoir payer ses impôts !

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Si vous voulez du renouveau, repérez plutôt "The host", du corréen Joon-ho Bong (le réalisateur de "Memories of murder", qui, paraît-il est excellent) qui était projeté à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, et courez le voir (Bon, pour le moment, on le trouve dans un cinéma, à Paris, dans le XVIIème... C'est sûr, faut être motivé...). Voilà un vrai film de monstre qui s'assume. Et le pire, c'est qu'il y a, en plus, un vrai engagement politique, avec une charge anti-étatsunienne et un discours franchement écolo. Le genre de film où on ne prend pas le spectateur pour un consommateur... Mais peut-on en demander autant à Hollywood ?

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Commentaires
A
Votre critique me parait vraiment très violente ("machin" "bidule" "ridicule" "raté et hilarant" etc) pour quelqu'un qui dit, dans l'article suivant, qu'il ne comprend pas l'intéret à lyncher violemment les films et leur réalisateur. <br /> <br /> Et on me dira que je suis insolente.<br /> Je répondrais que je me pose des questions.
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